Surmonter notre amertume, c'est parfois une entreprise bien difficile; elle exige que nous surmontions tout apitoiement sur nous-mêmes, tout cynisme, tout ressentiment qui tenterait de nous assaillir.
Il existe un moyen de le faire en Science Chrétienne: c'est de prier afin de comprendre que l'agitation mentale par laquelle nous passons n'est pas en fait réelle en ce qui concerne l'homme créé par Dieu. Nous pouvons prier de manière à nous éveiller au fait qu'il n'existe rien dans la nature véritable dont Dieu nous a doués qui soit cause d'amertume. Il n'existe ni personne, ni situation, ni circonstance qui puisse porter atteinte à notre véritable identité spirituelle, l'homme que Dieu a créé.
Une telle prière est efficace. Elle purifie la conscience, ôte le lourd fardeau qui pèse sur le cœur, guérit les peines profondes, et efface de l'existence humaine tout ce qui est laid et désagréable. Nous pouvons à nouveau jouir de la vie. Comme le disait une femme à son mari qui venait de passer par une pénible expérience: « Bienvenue, à l'occasion de ton retour au pays des vivants ! »
Et que trouvons-nous à la base de ce renouveau ? Des mots que nous employons pour prier ? Non ! Mais le pouvoir de Dieu, auquel nous nous éveillons grâce à nos prières; et une prise de conscience accrue du fait que Dieu considère comme intact ce qu'Il a créé. L'homme créé par Dieu — l'homme que nous sommes tous en réalité — ne peut jamais être lésé ni dupé ni maltraité. Il a été créé spirituel et sain et il demeure divinement complet et invulnérable.
Paul a dû entrevoir cette vérité quand il a écrit: « Car j'ai l'assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. » Rom. 8:38, 39;
L'Amour divin n'a pour l'homme, Sa création, que le bien en réserve, et il le maintient libre, sain et entouré d'amour; tout à fait invulnérable aux attaques d'un mensonge quelconque de la croyance mortelle. Et voilà le coupable à la base de l'amertume: la croyance mortelle.
Dans la mesure où nous nous considérons comme de simples mortels, luttant en vue de quelque accomplissement dans la matière, nous nous apercevons que nous semons la graine de l'amertume et du désespoir dans notre vie.
Ce qui nous guérit et nous empêche de commettre cette erreur c'est la compréhension que le bien seul existe dans la création de Dieu, la seule création dont nous faisons vraiment partie. La seule chose que nous puissions vraiment éprouver, en tant que création spirituelle de Dieu, c'est le bien que l'Amour divin communique — l'amour et la tendresse qui ne s'épuisent jamais, la réalisation et la satisfaction ininterrompues.
Dans cette atmosphère spirituelle, l'environnement de l'Amour divin, qu'y a-t-il qui puisse vraiment nous rendre amers ? Qu'y a-t-il qui puisse nous rendre envieux, jaloux, exclusifs ou autoritaires ? Comment pouvonsnous être affectés ?
Quand nous nous rendons compte que dans l'atmosphère de l'Amour divin, il n'y a rien qui puisse nous rendre amers, nous sommes à l'abri de la croyance mortelle qui tenterait de nous atteindre par la conscience humaine.
Ainsi donc, grâce à la prière, notre moi réel, immortel et invulnérable se dessine de plus en plus et nous commençons alors à nous rendre maîtres d'une situation qui pourrait s'envenimer. Nous acquérons le discernement spirituel qui nous permet de voir à travers le voile des sentiments froissés. La frustration cède à l'activité que Dieu dispense, le désespoir aux ressources que Dieu prodigue, la haine au pardon que Dieu sanctionne et l'échec au mérite et à la dignité qui nous viennent de Dieu.
D'ordinaire, ceci ne se produit pas du jour au lendemain. Prière et action continues de notre part sont nécessaires chaque fois que nous hésitons, que nous doutons ou que nous ripostons avec véhémence, soit verbalement soit mentalement. Cela veut dire qu'il faut apprendre à aimer, jusqu'à un certain point, comme Christ Jésus aimait. Mrs. Eddy écrit au sujet du Maître: « Mais voyez son amour ! Dès qu'il eut brisé les entraves de la tombe, il se hâta de venir consoler ses disciples infidèles et de désarmer leur craintes. » Message to The Mother Church for 1902, p. 19;
Vous souvenez-vous de Joseph dans l'Ancien Testament ? Il avait certes toutes les raisons, du point de vue humain, d'être amer. Il avait été trahi, vendu comme esclave, accusé d'immoralité, et jeté en prison pour quelque chose qu'il n'avait pas fait.
Mais, comme le fait ressortir The Interpreter's Bible [La Bible de l'interprète] tout au long des treize années qu'avait duré cette expérience, Joseph n'était devenu ni cynique ni rebelle ni vindicatif ni découragé. Voir Gen. 37:2; 41:46; The Interpreter's Bible (New York: Abingdon Press, 1952), I, 800. Songez-y donc: treize ans ! Il avait profité de toutes les occasions qui s'étaient présentées pour faire le bien, pour le faire comme il se doit, car il travaillait avec Dieu pour le bien de tous.
Nous aussi, comme Joseph, tandis que nous travaillons avec Dieu et que nous prions pour comprendre la vérité de Sa création, nous verrons qu'il n'y a rien qui puisse nous aigrir. Dieu a en réserve pour nous un merveilleux travail et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre notre temps, de devenir inactifs et improductifs parce que nous sommes amers.
Alors nous ne nous laisserons pas duper et devenir amers, cyniques ou désillusionnés. Nous verrons l'homme tel que Dieu l'a créé — insensible à tout ce rêve mortel. Cette réalisation nous apportera la paix et la conviction spirituelle; elle nous permettra d'affronter ce qui est mauvais dans notre existence et de le guérir. Nous nous reprendrons à aimer la compagnie des autres et serons prêts à faire ce qu'il est juste que nous fassions.
