A chaque minute de chaque jour un homme ou une femme atteint l'âge de la retraite. Certains s'attendent avec joie à ce moment, d'autres avec appréhension. Mais tous peuvent trouver une riche compensation dans ce changement que subit leur mode de vie, s'ils cherchent à comprendre et à utiliser le fait divin que révèlent le christianisme et la Science Chrétienne, à savoir: l'homme est l'image et la ressemblance de Dieu, le déroulement éternel de l'être immortel qui ne connaît ni solitude ni force en déclin.
Dans la Préface de son ouvrage Miscellaneous Writings (Écrits divers), Mrs. Eddy écrit: « Il existe une vieillesse de cœur et une jeunesse qui ne vieillit jamais. » Elle ajoute: « Cependant, la fraîcheur fugitive de la jeunesse n'est pas l'éternelle verdeur de l'Ame, ni la gloire éclatante de l'épanouissement perpétuel, ni le rayonnement et la grandeur spirituels d'une vie consacrée où règne la paix, une vie sacrée et sincère dans l'épreuve comme dans le triomphe. » Mis., p. ix;
Voilà bien une déclaration encourageante pour quiconque pleure sa jeunesse perdue. La « fraîcheur fugitive » dont il est question ici, tout comme la détérioration qui est supposée la suivre, n'est qu'un état de conscience mortelle irréelle qu'il faut échanger contre la « gloire éclatante de l'épanouissement perpétuel » et la grandeur de l'être réel. A mesure que, par l'étude et la prière, nous cherchons à en savoir davantage sur les qualités de l'Ame, en mettant en pratique ces qualités dans notre vie quotidienne, nous deviendrons de plus en plus conscients de la gloire éternelle du déroulement divin.
La fraîcheur, la spontanéité et la joie véritables sont des qualités de l'Entendement et il ne faut aucunement les confondre avec l'entrain artificiel de celui qui désire simplement avoir l'air jeune. Puisque l'homme que Dieu a créé est spirituel, non matériel, vieillir est une expérience du domaine de la mortalité et n'appartient pas à l'homme. Nous acceptons ou rejetons la vieillesse selon que nous acceptions ou rejetions tout ce qui constitue la mortalité.
La « vieillesse de cœur » et la « jeunesse qui ne vieillit jamais » sont toutes deux des états de conscience. C'est à nous de choisir celui que nous acceptons, le faux ou le vrai. A cet instant même, il nous faut décider. Nous en tiendrons-nous aux pensées qui laisseront sur le corps la trace du temps qui passe ? Allons-nous considérer l'homme comme une création matérielle ou comme une idée spirituelle ? N'étant pas disposés à considérer des idées nouvelles et souvent choqués par les points de vue et les manières d'agir de la nouvelle génération, en resterons-nous à un concept limité et craintif de l'existence humaine ? Ou bien goûterons-nous plutôt maintenant et continuerons-nous à goûter cette liberté qu'apporte une compréhension croissante de l'immortalité ?
Dans Science et Santé, Mrs. Eddy déclare: « L'immortalité, exempte de vieillesse ou de décrépitude, a une gloire qui lui est propre, — la splendeur de l'Ame. Les hommes et les femmes immortels sont des modèles de sens spirituel, façonnés par l'Entendement parfait, et reflétant ces conceptions plus hautes de beauté qui surpassent tout sens matériel. » Science et Santé, p. 247; Ce passage se trouve sous la rubrique marginale « Beauté éternelle ».
La spontanéité, l'humour, une certaine souplesse d'esprit, une réaction équilibrée devant les événements quotidiens que nous rencontrons, telles sont certaines des qualités humaines qui nous aident à jouir de la jeunesse du cœur. On peut ajouter à cela, l'aptitude à être reconnaissant pour les joies moindres de l'existence humaine, pour l'offrande d'un bouton de rose sauvage cueilli sur un buisson, autant que pour le bouquet qui vient du fleuriste. Exprimer ces qualités ne nous vient pas toujours sans une lutte, car il est souvent plus facile, au fil des ans, de demeurer dans une ornière, surtout si elle est agréable, plutôt que d'explorer de nouvelles avenues de la pensée. Lorsque nous voyons par conséquent une personne d'âge mûr manifester cette souplesse d'esprit, cette réaction équilibrée devant la vie quotidienne, et cette disposition à examiner de nouveaux points de vue, nous pouvons être reconnaissants de ce qu'elle est assez désintéressée pour chercher à démontrer aussi bien pour elle-même que pour l'humanité, le sens véritable de la jeunesse.
Il arrive parfois que les nouveaux venus en Science Chrétienne et les jeunes Scientistes Chrétiens à l'entrée de la carrière qu'ils se sont choisie, ont l'impression qu'une vie consacrée doit être terne, incolore, et qu'ils n'en veulent donc pas. Pourtant Mrs. Eddy parle dans ses écrits de la grandeur, de la gloire d'une telle vie. On ne trouve aucun faux sens de piété et de limitation dans l'existence de celui qui a consacré sa vie à apprendre et à démontrer l'éclat, la gloire, « le rayonnement et la grandeur » de la Vie qui est éternelle.
Une paix permanente habitera la conscience de celui qui toujours recherche une plus profonde compréhension de Dieu et met en pratique ce qu'il sait. Désireux de léguer un don précieux aux disciples qu'il allait bientôt quitter, Christ Jésus dit: « Je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne s'alarme point. » Jean 14:27; Le Maître savait que la paix réelle est très différente de l'idée de la paix que se fait le monde, que c'est une qualité qui n'est jamais statique, mais active. On peut la comparer à cette « perle de grand prix » Matth. 13:46. dont le Maître parlait à ses disciples en une autre occasion. Si l'on désire faire sienne cette paix, il faut vendre tout ce que l'on possède, il faut se débarrasser de l'intérêt personnel, de l'envie, du découragement, et de toutes ces tendances agressives résultant du combat qu'impose l'existence mortelle. Il n'est jamais ni trop tôt ni trop tard pour commencer à se dépouiller ainsi.
Mais la paix véritable ne se trouve jamais en eau dormante ou en un sommeil tranquille. Ce ne fut pas au sein d'une eau dormante que Mrs. Eddy, âgée de 87 ans, conçut et fonda un grand journal international, The Christian Science Monitor, quotidien d'une haute excellence journalistique que penseurs, hommes et femmes, lisent avec avidité dans le monde entier. Et ce journal, avec sa mission de bénir l'humanité et de ne jamais lui nuire, prit naissance dans « le rayonnement et la grandeur » qui caractérisa la vie consacrée d'une seule femme. Lire intelligemment le Monitor, l'apprécier, faire de vigoureux efforts en vue de contribuer à la guérison des problèmes mondiaux qu'il expose, voilà qui constitue l'un des meilleurs antidotes qui soient, contre n'importe quel symptôme d'une « vieillesse de cœur » approchante.
Nul d'entre nous ne s'est vu retiré de la merveilleuse activité vivifiante qui consiste à établir le royaume de Dieu sur la terre. Ceux qui cherchent à participer activement à l'établissement de ce royaume ont perçu « le rayonnement et la grandeur spirituels d'une vie consacrée où règne la paix ». Ils sont également devenus conscients de la « jeunesse qui ne vieillit jamais » et comment en retirer de plus en plus de plaisir.