Lorsque j'étais à l'université, je suivais des cours supérieurs de musique et une occasion formidable se présenta: on me demanda de jouer en soliste (j'étudiais le violon), lors d'une réunion mensuelle de tous les étudiants. Quand j'eus terminé, je fus vivement applaudi. Mais après la réunion, alors que tout le monde quittait la salle, le meilleur élève de la classe des ténors vint vers moi et me dit: « Eh ! Carl ! Tu jouais faux ! »
J'ai oublié depuis longtemps tout ce qu'on a pu me dire d'autre à la suite de cette réunion. Mais après m'être convaincu pendant deux semaines que le ténor en question était non seulement un malotru, mais qu'également il avait tort, je reconnus que j'avais joué faux. Je me mis à travailler mon violon pour être sûr par la suite de jouer juste.
Il semble difficile de savoir quand et comment « [reprendre, censurer, exhorter], avec toute douceur et en instruisant », II Tim. 4:2; ainsi que le déclare saint Paul. Comme nous savons que la critique est souvent chose qui bouleverse, nus avons tendance, en tant que chrétiens, à la considérer comme un mal et à la condamner dans n'importe quelle circonstance. Ou alors, si nous apprenons à accepter la critique et à en tirer parti, nous nous attendons parfois à ce que les autres l'admettent également.
La critique constructive est pratiquement indispensable au progrès humain. Mais la critique à l'égard d'un autre n'est constructive que si elle s'accompagne d'un amour qui s'efforce de comprendre la personne en question. Le fait que nous puissions admettre la critique ne signifie pas que d'autres doivent l'accepter de nous-mêmes.
La Science ChrétienneChristian Science: Prononcer ’kristienn ’saïennce. nous aide à devenir de meilleurs chrétiens. Elle nous montre comment nous entraider. En fait, quand nous exerçons une critique constructive en appliquant les règles de cette Science, nous parvenons à séparer de la personne non seulement une manière de penser et d'agir erronée, mais également la maladie, et nous arrivons ainsi à les détruire l'une comme l'autre. Mais si nous nous servons de vérités concernant Dieu et l'homme pour nous protéger de la critique ou si ces vérités sont destinées à remplacer intellectuellement le courage nécessaire pour « [reprendre, censurer, exhorter] », alors ce qui en résultera ridiculisera les grands faits de l'être spirituel et échouera dans la guérison chrétienne.
Dieu parfait et homme parfait constituent les faits de l'être. Dieu est l'unique Entendement infini et l'homme est l'idée spirituelle de cet Entendement. Chacun est en réalité parfait, étant donné qu'il est l'idée de Dieu. Si quelqu'un présente certaines caractéristiques ne faisant pas partie de sa véritable nature, qu'il s'agisse de mal jouer du violon, de se comporter égoïstement ou de ne pas se sentir bien, il continuera dans cette voie erronée jusqu'à ce qu'il se rende compte lui-même de son erreur et qu'il s'en détourne, ou que quelqu'un d'autre l'aide en lui signalant la chose ou en la détruisant à sa place. Pour guérir il faut contempler la perfection que Dieu dispense à l'homme; mais il ne s'agit cependant pas d'un simple exercice intellectuel.
Pour apprendre à contempler cette perfection il faut exprimer activement les qualités qui nous viennent de Dieu et que nous pouvons découvrir en nous-mêmes. Le courage moral, par exemple, nous permet d'accomplir sans crainte et sans hésitation un devoir qui pourrait paraître désagréable. Toutefois, il se peut que nous ne fassions preuve de courage moral qu'après avoir démontré que nous savons mettre à profit la remarque constructive qu'une autre personne nous aura faite. Nous devons être capables d'admettre cette critique et savoir en tirer parti avant de pouvoir en faire autant. Enfin, avant de parvenir à contempler la perfection de chacun, nous devons prouver que nous savons séparer l'erreur de la personne.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, au chapitre sur la Prière, Mary Baker Eddy dit ceci: « Nous devrions nous examiner pour apprendre quelles sont les affections et les intentions du cœur, car c'est ainsi seulement que nous pouvons apprendre ce que nous sommes réellement. Si un ami nous signale un défaut, écoutons-nous patiemment la réprimande et ajoutons-nous foi à ce qu'il dit ? Ne rendons-nous pas plutôt grâces de n'être “pas comme le reste des hommes” ? » Puis elle ajoute: « Le mal réside dans le blâme immérité, — dans le mensonge qui ne fait de bien à personne. » Science et Santé, p. 8;
Dans un article intitulé « Aimez vos ennemis », Mrs. Eddy écrit ceci: « Tout ce que l'envie, la haine, la vengeance — les mobiles les plus impitoyables qui gouvernent l'entendement mortel — s'efforcent de faire, “[concourra] au bien de ceux qui aiment Dieu”. » Miscellaneous Writings, p. 10; Quiconque cherche à acquérir le pouvoir de guérir par la prière doit apprendre cette leçon. Il doit grandir non seulement grâce à l'étude et à l'inspiration, mais aussi en comprenant qu'il peut bénéficier des pensées et des actes de ses amis comme aussi de ses ennemis. En apprenant que les pensées erronées n'ont pas de source réelle, il acquiert la capacité de séparer la critique constructive de la critique destructive. La critique constructive l'aide à faire mieux et la critique destructive lui donne l'occasion d'aimer ses ennemis. Ensuite, chaque expérience lui révélera que la pouvoir de la Vérité et de l'Amour divins guide et corrige. Ainsi, grâce à ces leçons nous sommes mieux qualifiés pour censurer l'erreur qui se trouve dans la pensée d'un autre. Selon ces paroles de Christ Jésus: « Ote premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille qui est dans l'œil de ton frère. » Luc 6:42.
Celui qui se croit dûment qualifié, alors qu'il ne l'est pas, se trompe lui-même. Tenter de justifier une remarque faite prématurément, sous prétexte que l'autre personne devrait l'apprécier parce que c'est pour son bien, c'est être égoïste.
En apprenant à reprendre, censurer et exhorter, la plupart d'entre nous commettent souvent l'erreur de faire une remarque avant que la personne ne soit prête à l'accepter. Mais si nous avons suffisamment de compassion pour voir que l'observation n'est pas acceptée, et suffisamment d'amour pour prier que l'Amour divin nous montre ce qui sera admis, nous reconnaîtrons alors la réprimande que mérite notre égoïsme et recevrons la bénédiction qui dessillera nos yeux à la vérité qui guérit. Nous verrons alors que l'erreur à censurer, la nôtre ou celle d'un autre, n'a rien à voir avec la personne, et qu'elle est irréelle. Nous contemplerons ainsi l'homme parfait créé par Dieu.
Une manière de penser erronée et la maladie sont toutes deux irréelles parce que Dieu ne les a pas créées. Quand nous aurons compris cela, nous pourrons les détruire.