Bien des religions exigent de leurs adeptes qu'ils triomphent petit à petit de leurs impulsions matérielles néfastes en alignant leurs pensées et leurs sentiments sur la destinée plus haute, la destinée spirituelle, de l'homme. D'autres mouvements, tel que l'humanisme séculier, cherchent à subjuguer les impulsions erronées au moyen de la raison humaine, afin d'amener l'humanité à vivre plus harmonieusement dans une culture plus élevée.
De nos jours cependant, où l'on accorde de moins en moins d'importance à la religion et à l'humanisme, ainsi qu'aux concepts moraux habituels, tels que la modestie, l'obéissance et la discipline, et où les solutions de facilité sont considérées par beaucoup comme étant les meilleures, agir d'après ses impulsions est jugé comme naturel et moderne. La psychanalyse et les recherches dans le domaine du comportement ont contribué, peutêtre involontairement, à faire qu'il est acceptable dans la société d'agir de manière impulsive.
Mais l'homme n'est pas un animal extrêmement développé, dont les penchants naturels sont destructeurs ou sensuels. L'homme est en réalité le rejeton de l'Esprit; sa destinée est de représenter l'Esprit divin. Des penchants égoïstes, entêtés ou sensuels ne nous paraissent naturels que tant que nous considérons la matière comme fondamentale et intelligente. Mrs. Eddy dit à ce propos dans Science et Santé: « Si nous considérons la matière comme intelligente, et l'Entendement comme à la fois bon et mauvais, tout péché, ou soi-disant douleur et plaisir matériels, paraît normal, semble faire partie de la création de Dieu, et entrave ainsi notre marche vers l'Esprit. » Science et Santé, p. 307;
La Science du Christ, ou Vérité, révèle la nature spirituelle et parfaite de l'homme. On ne devrait jamais approuver une moralité qui est le résultat d'un concept matériel limité de l'existence, qui exalte les penchants sensuels, qui les autorise et leur donne libre cours. La moralité devrait ennoblir les penchants et, par là, ouvrir le chemin qui conduit à la réalisation de la destinée supérieure de l'homme.
Le fait que l'on s'attaque de nos jours aux règles de la morale devrait nous aider à mieux comprendre le fond et le but de la moralité. Des règles sans fondement n'ont bien sûr aucun sens. Sans une base morale et spirituelle il n'est pas possible d'adopter un modèle de conduite applicable uniformément à toutes les situations. Chacun de nous doit commencer là même où il en est et déterminer la direction qu'il va prendre: vers la matière ou vers l'Esprit.
La Science Chrétienne dévoile la nature illusoire du raisonnement matériel. Le comportement impulsif se base sur la suggestion de l'entendement mortel, la contrefaçon de l'intelligence divine, selon laquelle la vie proviendrait de la matière et la matière possèderait en elle-même un pouvoir d'attraction. L'entendement mortel prétend gouverner la pensée humaine avec intelligence et discernement. Les théories qui cadrent avec cette prétention erronée sont incapables de nous libérer véritablement et de façon permanente du pouvoir supposé de l'attraction qu'exerce la matière ou penser matériel.
Revendiquer constamment que l'Entendement divin, nul autre, est notre Entendement nous amène petit à petit à maîtriser la croyance qu'il y a plusieurs entendements. Ceci empêche notre pensée d'être manipulée par le concept trompeur que la matière peut être ce qui nous incite à agir et ce qui nous attire.
La Science Chrétienne explique que toutes les hypothèses matérielles sont entièrement fausses et elle nie que la matière ait le droit d'être réelle ou d'exercer une influence quelconque. Nous lisons dans Science et Santé: « Lorsque la substance de l'Esprit apparaît dans la Science Chrétienne, le néant de la matière est reconnu. Là où est l'esprit de Dieu, et il n'y a point de lieu où Dieu n'est pas, le mal devient néant, — l'opposé du quelque chose de l'Esprit. » p. 479;
Une fois que nous avons reconnu la vérité du chemin étroit et resserré, nous devons continuer à être vigilants pour ne pas retomber dans un chemin large et apparemment plus facile, mais qui est rempli de pensées matérialistes. Ce chemin conduit à la destruction, dans le vide béant des illusions matérielles.
Certains systèmes politiques visent à améliorer les mœurs de l'individu en modifiant sa fonction et en faisant de lui le rouage d'une machine. Bien sûr, nous devons nous élever au-dessus du motif qui nous fait agir par intérêt afin de nous rendre utiles, mais ceci doit se faire d'une manière plus élevée. Sur ce plan d'existence nous avons des obligations temporelles, dont l'acquittement devrait nous conduire progressivement à des devoirs plus grands et devrait contribuer à l'établissement de valeurs spirituelles.
Chacun de nous se réveillera finalement au fait que l'homme est complet, étant donné qu'il reflète toutes les qualités divines. Il découvrira que dans ce développement sa fonction individuelle consistant à représenter l'Entendement divin est préservée. Mrs. Eddy écrit dans Rétrospection et Introspection: « Chaque individu doit remplir sa propre place dans le temps et dans l'éternité. » Rétr., p. 70;
Souvent, on dirait que les exigences de la morale nous dépassent ou même qu'elles vont au-delà de ce qui nous semble bon. Le sens matériel limité voudrait nous suggérer que dans ce monde différent, quand nous obéissons à ces impératifs moraux, nous sommes privés de quelque chose que les autres ont. Cette suggestion essaye simplement d'obscurcir les faits spirituels. En nous soumettant aux exigences morales et spirituelles nous pouvons faire entrer à satiété dans notre existence les bonnes choses de la vie, dans une mesure qui dépasse l'idée matérielle que nous nous en faisions. Par contre, se laisser aller à penser de façon matérielle conduit à la frustration.
La destinée de l'individu, de même que les moyens efficaces dont il dispose pour répondre aux impératifs moraux du monde d'aujourd'hui, ne se trouvent pas dans un comportement impulsif, mais dans l'expression des qualités divines. Le pouvoir de manifester ces qualités vient de la source divine, et il est illimité. La pensée qui est guidée par Dieu est aussi protégée et fortifiée par Lui. Nous lisons dans le livre de Job: « Il accomplira donc ses desseins à mon égard, et il en concevra bien d'autres encore. » Job 23:14.
