J'ai assisté il y a quelques semaines à un service dominical qu'une église avait organisé spécialement en pensant aux jeunes. On avait dû, en raison du grand nombre d'assistants, mettre des chaises dans les bas-côtés. D'un bout à l'autre du service, tout le monde était alerte et « dans le coup ». La sincérité et la conviction marquaient le chant des cantiques et la lecture des textes alternants. On applaudit le pasteur plusieurs fois au cours de son bref sermon. Le mot « Dieu » n'y fut pas mentionné une seule fois.
Tout cela était absolument en accord avec la pensée religieuse intellectuelle que Dieu est en l'homme, et que si les hommes se conduisent honnêtement et avec amour vis-à-vis de leurs semblables, ce comportement est en soi tout ce qui constitue Dieu. Ce point de vue semble apporter à l'individu un sens de confiance en soi, de joie de vivre et d'enthousiasme à l'égard de la vie. Mais il est clair que, à la lumière de la Science Chrétienne, cette philosophie s'avère être à la racine d'une grande partie des conflits humains d'aujourd'hui.
Les conflits surgissent parce que l'individu, pour vivre avec lui-même, doit pouvoir justifier ses propres conclusions. Devant une question importante, tant qu'il pouvait s'en rapporter à Dieu, il pouvait toujours déclarer humblement: « C'est ce que je crois, mais je ne suis pas certain. Dieu seul sait. » Mais quand il s'agit pour quelqu'un d'endosser l'entière responsabilité de savoir si une chose est bonne ou mauvaise, si elle est juste ou non, il se montrera moins tolérant vis-à-vis des points de vue opposés aux siens.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy a ceci à dire: « La Science révèle l'Esprit, Ame, comme n'étant pas dans le corps, et Dieu comme n'étant pas dans l'homme, mais comem reflété par l'homme. Le plus grand ne peut être dans le moindre. La croyance que le plus grand peut être dans le moindre, est une erreur qui ne produit que le mal. Un point capital de la Science de l'Ame est que le Principe n'est pas dans son idée. » Science et Santé, p. 467;
Il n'y a aucun moyen réel de résoudre les conflits humains si ce n'est par la Science de l'Ame. Les hommes ont des préjugés les uns envers les autres parce qu'ils ne comprennent pas les faits de l'Ame. Ils estiment que chacun a son âme particulière, chacun sa propre conscience de soi-même, et qu'à travers l'histoire matérielle, cette âme se développe en une personnalité matérielle. Mais la Science Chrétienne révèle Dieu en tant que l'Ame unique, infinie, et l'homme en tant que le reflet de l'Ame.
Le sens humain du moi, l'ego humain, n'est authentique, n'est juste, que dans la mesure où il est semblable à Dieu. A mesure que nous apprenons à rejeter le sens du moi qui prétend inclure son âme particulière, et que nous honorons Dieu en tant qu'Ame, nous commençons à nous identifier en tant que reflets de l'Ame. Mais jusqu'à ce que le sens humain du moi en vienne à reconnaître l'Ame qui seule sait ce qui est bien — le Principe qui ne se trouve jamais dans l'homme — le moi humain ne parvient pas à être juste, à être bon. Il lui reste encore beaucoup à apprendre.
Songez à ce qui pourrait s'accomplir dans le domaine des conflits raciaux si ce « point capital de la Science de l'Ame » était plus généralement pris en considération ! Au lieu de trouver qu'ils ont irrévocablement et respectivement raison, les opposants en conflit reconnaîtraient que les prétendus faits de l'évolution matérielle n'autorisent pas, n'exigent pas que quelqu'un règle la question dans son for intérieur; ils reconnaîtraient plutôt que les faits de l'Ame infinie qui n'est « pas dans le corps » ni « dans l'homme », donnent à quelqu'un le droit de se tourner vers un pouvoir plus élevé — vers l'Entendement qui sait tout — afin de se laisser guider. Et l'honnêteté exige que chacun de nous reconnaisse sa propre incapacité humaine de résoudre les problèmes qui se présentent, à moins de se tourner humblement vers le seul Père de l'homme, Dieu, en tant que l'Ame de tous.
Quant à la guerre, reconnaître à ce sujet le « point capital » ne nous fera pas perdre quoi que ce soit de juste ou de bon, mais nous permettra d'obtenir l'aide de l'Entendement infini dans notre quête de la solution qui mettra promptement fin à toutes les guerres. Le penser impie qui refuse aux autres le droit de n'être pas d'accord avec les propres conclusions auxquelles quelqu'un est parvenu, ne conduit pas à la paix mais à un conflit toujours grandissant. Lorsque le respect de l'Entendement infini, ou Ame, subsiste, chaque individu chérit le procédé d'examen de conscience auquel chacun doit se livrer pour atteindre ses propres conclusions, reconnaissant que celles-ci sont provisoires et qu'elles représentent ce qu'il peut faire de mieux pour l'instant. Et si chacun fait de son mieux en se tournant avec humilité et systématiquement pour comprendre, vers l'Entendement infini, il fera ce qu'il est possible de faire au mieux chaque jour pour aider le monde à progresser sur le chemin de la paix universelle.
Ainsi, un tel trouve que l'attitude à adopter à propos de la guerre est de rejeter et la guerre et tout ce qui s'y rapporte, comme niant à l'humanité le droit de vivre. Tel autre verra sa conscience le mener à participer à la guerre comme moyen provisoire d'épargner plus de vies que la guerre n'en détruira, ou comme moyen de préserver un monde où les hommes ont encore leur libre arbitre pour tomber d'accord ou non sur le choix de ceux qui les gouvernent. Tel autre enfin se rend compte que, tout en étant opposé à la guerre, il peut consciencieusement soutenir son pays en guerre en servant en qualité de non-combattant. Et dans la mesure où chacun d'eux atteindra à l'attitude adéquate vis-à-vis de la guerre en recherchant une attitude adéquate vis-à-vis de Dieu, il aura aussi raison qu'un être humain le peut, jusqu'à ce qu'il parvienne à ce stade où l'on prend réellement conscience de l'Amour divin en tant que l'Ame de l'homme.
A mesure que les hommes approchent de cette réalisation, certains moyens de venir à bout des conflits doivent inévitablement se présenter. Christ Jésus montra la voie à ses disciples quand il leur dit en prévision de son crucifiement: « Je ne suis pas seul, car le Père est avec moi. » Jean 16:32.