Il y a peu d’expressions dans le langage humain qui soient aussi mal comprises que l’est celle du titre. On croit trop souvent que la joie de vivre signifie simplement une gaieté de cœur en général ou une explosion de plaisir due à quelque bonne nouvelle, ou encore une joyeuse effervescence causée par un changement soudain et favorable des événements. La joie de vivre est encore considérée comme un trait de caractère que certains sont supposés avoir à leur naissance ou par hérédité, alors que d’autres, en revanche, ne l’ont pas. Dans tous ces différents cas, la joie de vivre est prise à tort pour un simple accès de gaieté légère qui aboutit néanmoins parfois à la déception, ou même à la dépression, et qui est par conséquent de nature incertaine et temporaire.
Rien ne saurait être plus éloigné du vrai sens de cette qualité, la joie de vivre, que l’un quelconque de ces concepts. Et, pour celui qui est devenu ou qui est d’habitude sans joie et découragé, sombre et sans enthousiasme, il y a peu de choses qui soient plus importantes que de découvrir la signification spirituelle de la joie de vivre, et que de la voir comme étant une qualité de son propre être véritable, car, ce faisant, il la ressentira effectivement.
Quelle est donc cette joie ? Quelle en est la source ? Comment peut-on s’en prévaloir, se baigner dans sa lumière, en ressentir le pouvoir bienfaisant qui neutralise les assauts obsédants du doute à propos du bien et qui, de même, détruit toute inquiétude déprimante quant au présent et à l’avenir ?
Pour comprendre ce qu’est la véritable joie de vivre, nous devons d’abord comprendre la véritable nature de la vie même. La Science Chrétienne a révélé le fait absolu que la vie d’un individu n’est pas confinée dans un corps matériel; donc, il ne dépend pas de ce corps pour sa santé ni pour son intelligene, tandis que s’affrontent, dans son expérience humaine, les courants contraires du bien et du mal. La vie d’un individu est l’expression individuelle de Dieu, qui est la seule Vie divine universelle ou Entendement. Il est le seul créateur, le seul pouvoir qui gouverne et qui maintient à jamais Son expression infinie, l’univers spirituel; celle-ci est par conséquent indépendante de tout mal et dénuée de tout élément négatif qui voudrait s’infiltrer dans la bonté et la satisfaction totales qui la caractérisent.
Notre Leader Mrs. Eddy écrit: « Puisque Dieu est Tout, il n’y a pas de place pour Sa dissemblance. Seul, Dieu, l’Esprit, créa tout, et dit que cela était bon. Donc le mal, étant contraire au bien, est irréel, et ne peut être le produit de Dieu. » Science et Santé, p. 339; Dans l’univers de Dieu où nous, Ses reflets individuels, vivons réellement, travaillons et avons tout notre être, il n’y a ni rancœur ni envie ni désaccord, ni crainte du mal ni doute quant au bien.
C’est parce que nous sommes, en réalité, les enfants de Dieu, que nous sommes les bénéficiaires constants de Sa bonté omniactive qui est toute sagesse. Dieu donne tout, et nous avons, en vérité, tout ce que Dieu donne, tout ce dont nous avons besoin pour une vie heureuse, paisible et réellement remplie de succès. Lorsque, grâce à la compréhension de la Science Chrétienne, nous réalisons cette vérité et qu’ainsi nous la faisons nôtre, nous nous libérons d’un sens triste et pesant de dépression ainsi que des craintes obsédantes et des sombres présages qu’entretient le faux sens mortel de vie. Ce sont là les nuages qui voudraient nous empêcher d’entrer en possession de notre héritage divin: la joie consciente de posséder la liberté et la bonté qu’inclut notre réflexion de la Vie divine.
Notre horizon peut devenir l’horizon du bien sans nuage; notre occupation, un succès plus vaste parce qu’elle ne se basera pas sur le simple égoïsme; nos espérances dans le futur, pleines de la certitude joyeuse de nous rendre de plus en plus utile et de récolter des fruits en conséquence. Alors, la joie de nos relations humaines ne sera ternie par aucune intrusion du sens matériel impie.
Notre joie peut être la calme joie intérieure qu’apporte la compréhension de la présence et l’accessibilité du bien sous toutes ses formes, ce bien que nous avons la capacité divine de reconnaître et dont nous pouvons nous prévaloir en toute confiance. C’est là la véritable joie de vivre. Elle n’est ni passagère ni fugitive; elle est permanente parce qu’elle est spirituelle, sans aucun élément matériel ou égoïste. Cette joie n’est pas simplement une disposition momentanée ou un sentiment occasionnel, mais une qualité profonde, pénétrante; elle constitue la chaîne et la trame mêmes du vrai caractère de l’homme que nous avons l’intelligence, la compréhension et le désir de faire nôtre.
La véritable joie de vivre n’est pas exprimée par un sourire figé, et pourtant elle est contagieuse, parce qu’elle est ressentie par les autres. La joie que causent l’attrayante beauté des fleurs ou le charmant renouveau du printemps ne sont que de faibles expressions de cette véritable joie de vivre qui a sa source dans la présence de l’Amour divin comprise, dans la confiance incontestée en sa direction et dans son enrichissante activité en notre faveur. C’est la joie découlant de cette connaissance qui ferme la porte aux suggestions du pessimisme chronique, aux sombres prédictions du mal, et c’est elle qui dissout les nuages de la tristesse. Elle peut rendre lumineuse l’existence humaine par la conscience de notre unité avec l’Amour divin.
Mrs. Eddy dit de la joie spirituelle qu’elle se soutient elle-même. Dans ses écrits, à plusieurs endroits, elle relie la joie à l’amour, ailleurs, elle l’unit à la paix, et elle parle de la paix et de la joie comme étant les fruits de l’Esprit. Et dans son poème intitulé The Mother’s Evening Prayer (Prière du soir d’une mère) elle décrit la joie de la présence consciente de l’Amour divin en ces mots: « Douce présence, force, joie et paix ». Hymnaire de Christian Science, n° 207;
D’une manière plus significative encore, elle écrit que la joie de connaître les grandes bénédictions qu’elle a apportées au genre humain constitue une riche compensation pour toutes les peines et les épreuves qu’elle a endurées au cours des longues années de labeur qu’elle consacra à établir son Église. Voir Miscellaneous Writings, p. 382; N’était-ce pas là la joie que Christ Jésus déclarait avoir après l’accomplissement de la mission que Dieu lui avait assignée et qui consistait à révéler le Christ, la Vérité, à l’humanité ? Il dit à ses disciples: « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » Jean 15:11;
De même, nous qui sommes les bénéficiaires du travail inspiré de notre Leader, nous devrions ressentir cette joie intérieure profonde du fait de ce que la Science salvatrice du Christ, la Vérité, a été révélée à l’humanité. Cette joie sera comme le fil de l’épée de notre penser scientifique, car elle résulte de notre confiance absolue dans la vérité de l’ardente prière de David: « A toi, Éternel, la grandeur, la force et la magnificence, l’éternité et la gloire, car tout ce qui est au ciel et sur la terre t’appartient; à toi, Éternel, le règne, car tu t’élèves souverainement au-dessus de tout ! C’est de toi que viennent la richesse et la gloire, c’est toi qui domines sur tout, c’est dans ta main que sont la force et la puissance, et c’est ta main qui a le pouvoir d’agrandir et d’affermir toutes choses. Maintenant, ô notre Dieu, nous te louons, et nous célébrons ton nom glorieux. » I Chron. 29:11–13.
Lorsque nous accepterons avec compréhension cette grande vérité de Dieu, la joie que nous en ressentirons remplira notre conscience et elle resplendira sur tous ceux qui se trouvent à la portée de son rayonnement.
