Julie traversa le pont de pierre couvert de mousse qui menait au parc. Dans l'air chaud de l'après-midi, la musique jouée par l'orchestre du parc se mêlait aux bruits d'un ruisseau impétueux. La famille, partie en avant, avait pressé le pas pour trouver une table de pique-nique sur les pelouses vertes, mais Julie s'était attardée sur le pont. Elle observait en dessous l'eau claire qui rejaillissait sur les rocs bien lisses et elle souhaitait presque ne pas être venue. Même la promesse de Papa, de leur faire faire du cheval à elle et à son frère Jim, ne la réconfortait pas.
Pendant le trajet en voiture elle ne s'était pas sentie bien. Ne voulant pas gâcher la journée de la famille, elle n'avait rien dit. Mais maintenant Julie sentait le besoin de s'allonger, aussi elle rejoignit les autres sur la vaste pelouse.
Son père et Jim étaient partis voir les animaux, car il y avait un petit zoo dans le parc. Maman et Grand-Mère étaient en train de disposer le déjeuner sur la table de piquenique à l'ombre des branches étalées d'un chêne. Julie s'étendit sur l'herbe fraîche. Elle n'avait apporté ni sa Bible ni l'ouvrage fondamental de la Science Chrétienne. Science et Santé de Mrs. Eddy, et pendant un instant elle se sentit perdue sans eux. Puis elle se souvint de quelque chose que le moniteur avait dit ce matin-là à l'école du dimanche de la Science Chrétienne: « Les vérités que vous apprenez et qui deviennent vôtres peuvent être employées partout où vous allez. »
Elle se rendit compte qu'elle avait appris nombre de vérités en lisant la Bible et Science et Santé, chez elle et à l'école du dimanche. Elle y pensait maintenant. Elle répéta très attentivement l'oraison dominicale que nous donna Christ Jésus et « l'exposé scientifique de l'être » tiré de Science et Santé. Cet exposé commence par les mots: « Il n'y a ni vie, ni vérité, ni intelligence, ni substance dans la matière. » Science et Santé, p. 468;
Puis Julie se souvint d'un autre passage que son frère avait dû apprendre pour l'école du dimanche, et elle l'avait retenu simplement en l'écoutant le réciter tous les soirs. Le voici: « Il n'y a pas de pouvoir en dehors de Dieu. L'omnipotence a tout pouvoir, et reconnaître quelque autre pouvoir, c'est déshonorer Dieu. » p. 228;
Julie réfléchit. Puisque Dieu est Tout et remplit tout l'espace, il ne peut y avoir aucun autre pouvoir ni aucune autre présence. Puisque Dieu est bon, Son pouvoir est le bien.
Alors qu'est-ce qui semblait pouvoir la rendre malade ? Ce n'était pas bien, donc cela ne venait pas de Dieu. Et si cela n'était pas de Dieu, alors cela devait être irréel, faux. Le mal ou erreur est la croyance qu'il peut exister un pouvoir en dehors de Dieu. C'est la croyance que la vie et l'intelligence peuvent être dans la matière. Nous lisons dans Science et Santé à propos du mal: « Les mal n'a ni pouvoir ni intelligence, car Dieu est le bien, et par conséquent, le bien est infini, est Tout. » p. 398;
Dieu vient à nous sans éclat, doucement. Il nous envoie des pensées angéliques qui sont bonnes et toutes-puissantes car elles viennent de Lui. L'omnipotence du bien détruit la croyance en un pouvoir mauvais et destructif.
Alors que Julie était étendue sur l'herbe, elle fut surprise de découvrir combien elle pensait, même sans ses livres, aux nombreuses vérités qu'elle avait apprises en Science Chrétienne. Elle savait que l'homme est spirituel, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, exprimant Sa bonté et Son pouvoir. Elle n'allait donc pas se croire assujettie à tout autre prétendu pouvoir. Elle n'allait pas accepter que la maladie fasse partie de Sa création. Elle n'allait pas Le déshonorer en croyant qu'Il pouvait envoyer la maladie à Ses enfants. Elle n'allait pas Le déshonorer en croyant qu'elle pouvait être malade.
Juste à cet instant sa maman remarqua qu'elle était étendue sur l'herbe. « Quelque chose ne va pas, Julie ? » demanda-t-elle.
Julie s'assit. « Je ne me sentais pas très bien, mais cela va beaucoup mieux maintenant ! » répondit-elle.
Julie aida sa maman et sa grand-maman à disposer les assiettes et les tasses de plastique sur la table et sortit les sandwiches.
« Je suis contente que cela aille mieux », dit la maman en versant la limonade. « Veuxtu que je t'aide ? »
« Quel passage de la Bible as-tu cité l'autre soir, alors que nous parlions ? » demanda Julie.
« Ça se trouvait dans le Psaume quatre-vingt-onze », répondit la maman et elle répéta le même passage: « Car tu es mon refuge, ô Éternel ! Tu fais du Très-Haut ta retraite. Aucun malheur ne t'arrivera, aucun fléau n'approchera de ta tente. Car il ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies. » Ps. 91:9–11.
Julie. sourit. « Oui, c'est ça ! »
Soudain elle se sentit joyeuse car elle savait que Dieu est omniprésent et elle le sentait bien. Il lui avait envoyé Ses pesées angéliques pour l'aider au moment où elle en avait besoin.
« Je crois que je vais aller retrouver Papa et Jim », dit-elle.
« Bonne idée ! Dis-leur que le déjeuner est prêt. Peut-être pourras-tu aller ensuite faire la promenade à cheval ! »
Comme Julie suivait le sentier sinueux menant au zoo du parc, elle sentit qu'elle avait appris quelque chose de plus au sujet de son Père-Mère Dieu. Il importait peu qu'elle soit chez elle ou au parc, qu'elle ait ses livres ou non, elle vivait à jamais dans Sa bonté, dans Sa présence et Son pouvoir.
Au loin elle vit Papa et Jim contempler un lion paresseux qui dormait paisiblement dans sa cage et elle courut vite les rattraper.