Il semble que l'humanité se trouve devant un dilemme quand il s'agit de réformer ou d'améliorer le système pénal. C'est que, pour élucider ce problème, il ne suffit pas de choisir un système de poursuites pénales plutôt qu'un autre. Il faut comprendre l'irréalité du mal.
Qui ou qu'est-ce qui doit être puni ? Ce ne sera jamais l'homme spirituel réel créé par Dieu. L'homme, l'idée de Dieu, l'unique Entendement, ne fait qu'un avec son Principe divin. Donc, il ne commet aucune offense et ne reçoit aucun châtiment. Dans l'Amour divin, il n'y a ni péché, ni pécheur, ni punition. Je me suis réjoui lorsque j'ai accepté cette vérité, car je me suis senti uni à l'Amour et ne pouvant rien exprimer d'autre que de la compassion pour ceux à qui l'on a fait du mal et pour ceux que l'on traite de malfaiteurs.
Si nous comprenons que, comme la Science Chrétienne l'enseigne, l'Amour ne crée ni péché ni pécheur, cela peut nous libérer d'une pesante crainte latente, nous libérer non seulement de la crainte de faire quelque chose de mal ou quelque chose de travers, mais aussi de l'inquiétude que le mal, sous une forme ou sous une autre, puisse nous blesser ou nous accabler. Être conscient du bien et de la véritable individualité de l'homme communique la certitude bénie que nous sommes réellement sains et saufs à l'ombre du Tout-Puissant.
L'Amour divin ne punit jamais autre chose que les mauvaises actions. Quand quelqu'un cesse de pécher, il cesse d'être puni. Dans l'ouvrage fondamental de la Science Chrétienne, Science et Santé, Mrs. Eddy écrit: « Le dessein de l'Amour est de réformer le pécheur. » Science et Santé, p. 35; La souffrance que l'on s'impose à soi-même, aussi bien que les punitions qui résultent de la désobéissance à la loi de Dieu, contribuent à cette réforme parce qu'elles ouvrent les yeux de celui qui agit mal et qu'elles améliorent ses pensées. Le troisième article de foi de la Science Chrétienne est celui-ci: « Nous reconnaissons que le pardon du péché par Dieu consiste dans la destruction du péché et dans l'intelligence spirituelle qui chasse le mal comme irréel. Mais la croyance au péché est punie tant que dure la croyance. » p. 497;
Les améliorations obtenues par les sanctions pénales seront utiles à l'humanité et la protégeront dans la proportion où les motifs qui auront amené ces réformes seront en accord avec cette déclaration attribuée à Dieu dans le Deutéronome: « A moi la vengeance et la rétribution. » Deut. 32:35; Car en quoi consiste la vengeance de l'Amour ? Dans l'annihilation du mal, du péché. L'Amour ne peut annihiler sa propre idée.
Ce qu'il faut, ce n'est pas un châtiment inspiré par la colère ou la vengeance, mais un redressement qui amène le pécheur à se réformer. Le seul pouvoir qui puisse vraiment transformer la conscience mortelle est celui qui émane de l'Amour divin. N'avons-nous pas tous ressenti combien cet amour que Dieu dispense nous a donné un élan nouveau lorsque d'autres l'ont exprimé envers nous avec sagesse et force ? Beaucoup de pères, mères, amis, professeurs ou supérieurs, ont eu une influence décisive sur la carrière d'un jeune, grâce à l'amour spirituel qu'ils ont exprimé.
Ces paroles de l'Éternel, rapportées par le prophète Ésaïe, ont une grande importance pour notre combat contre le péché et le mal: « Voici le jeûne auquel je prends plaisir: détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l'on rompe toute espèce de joug... Alors ta lumière poindra comme l'aurore, et ta guérison germera promptement; ta justice marchera devant toi, et la gloire de l'Éternel t'accompagnera. » Ésaïe 58:6–8;
Le mobile de chacun de nous, et non pas seulement celui des autorités établies par les hommes dans ce but, doit être d'aider les autres. Lorsque nous brisons le joug du péché en comprenant que le mal n'est pas et en reconnaissant quelle est la véritable nature de l'homme, nous contribuons à annuler les injustices. Les hommes sont pardonnés lorsqu'ils prennent conscience de l'individualité réelle impeccable de l'homme. Cet éveil s'accomplit par la lumière du Christ, la Vérité, qui brille à travers toute conscience élevée spirituellement.
L'abolition pure et simple des châtiments inspirés par le désir de faire payer ou de venger ne suffit pas. Il faut que disparaisse de notre pensée, puis, par conséquent, de nos actes, tout sentiment erroné de condamnation.
Ce qui suit rendra ceci plus clair. Répandre et écouter volontiers les propos du mal, c'est nier l'unité de l'homme avec Dieu, nier que l'homme est le reflet impeccable, immortel de l'Ame. Lire le compte rendu d'un crime, exagéré de façon à faire sensation, avec plaisir ou, ce qui est tout aussi dépravé, avec horreur, c'est nier que l'homme est la ressemblance de Dieu et a pour résultat de river l'erreur à l'humanité.
L'habitude de tout juger d'un point de vue humain et d'une manière rapide doit être abandonnée. L'humanité n'émergera de l'obscurité apparente qu'en abandonnant la croyance qu'il est possible d'enrayer le mal en y prenant un intérêt morbide, ou même, en l'étudiant comme une chose réelle. Ce qu'il nous faut apprendre concernant le mal, c'est sa non-existence, son néant. Il nous faut en savoir suffisamment à son sujet pour déceler sa manière de nous induire en erreur et, alors, nous mettre en devoir de le rendre inefficace en niant ses prétentions par un raisonnement spirituel scientifique.
Nous ne devons en aucune façon ignorer le mal, mais au contraire, démasquer et reconnaître son irréalité en le dépossédant de son existence imaginaire grâce à l'assurance que Dieu ne l'a pas créé. Dans la Bible, notre Code divin toujours d'actualité, le Prédicateur nous dit: « Écoutons la fin du discours: Crains Dieu et observe ses commandements. C'est là ce que doit tout homme. Car Dieu amènera toute œuvre en jugement, au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit mal. » Eccl. 12:15, 16;
Nous devons garder nos pensées emplies du bien, des vérités concernant l'être divin. Ainsi l'homme réel, le reflet de Dieu apparaîtra tout naturellement dans le champ de notre vision. Nous devons renoncer aux opinions fausses, aux préjugés, à la méfiance, à la malveillance, à la colère, aux passions et à tout mode de vie qui n'est pas conforme à notre plus haut sens du bien. Le Christ, tel que la Science Chrétienne le révèle et tel qu'il fut manifesté par notre Maître, Christ Jésus, démasque l'irréalité du mal, libère les hommes de son influence pernicieuse et, par conséquent, de son châtiment.
Ne perdons pas de vue les obligations de la société, car ses obligations sont les nôtres. Notre devoir n'est pas de juger les autres mais de renoncer au péché et de le rendre impersonnel, de penser juste et de bien agir nous-mêmes. Ainsi mériterons-nous cette bénédiction: « C'est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. » Matth. 25:21. Nous connaîtrons alors la paix, l'harmonie et la félicité d'une conscience purifiée, le royaume des cieux au-dedans de nous.