Il y a bien longtemps, un météore tomba dans les forêts de la Sibérie, mais ce n'est que beaucoup plus tard, lorsque la région eut été explorée complètement, que l'on prit conscience de l'immensité de l'impact. Dans un certain sens, la Science Chrétienne
Christian Science: Prononcer ’kristienn ’saïennce. a laissé un impact sur la théologie, mais on n'a pas encore exploré à fond ni reconnu sa signification.
Dans la Préface de Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy, qui découvrit et fonda la Science Chrétienne, écrit: « Un livre introduit des pensées nouvelles, mais ne peut hâter le moment où elles seront comprises. » Et elle ajoute: « Il appartient aux siècles à venir de proclamer ce qu'aura accompli le pionnier. » Science et Santé, p. vii ;
Les échanges de vue de Mrs. Eddy avec les pasteurs de son temps et ses nombreuses références à la théologie font clairement ressortir qu'elle connaissait l'ampleur du défi que la Science Chrétienne porte au mode de pensée qu'elle appelle parfois « théologie spéculative » ou « scolastique ». Elle reconnaissait d'autre part, comme la dominante de la Science du christianisme, la théologie inspirée, c'est-à-dire le raisonnement clair et curatif basé sur la totalité de Dieu et qui procède de cet « entendement... qui était aussi en Christ Jésus. » Phil. 2: 5 (version anglaise) ;
Par définition, le sujet de la théologie, c'est Dieu. Mais le théologien n'a pas spécialement accès auprès de la divinité. Seule une soumission totale à Dieu peut éclairer la pensée et introduire la rectitude et la guérison dans l'existence humaine. Ceci est aussi vrai pour le théologien de profession que pour la maîtresse de maison, l'ingénieur ou l'homme d'affaires.
Pendant des siècles, les théologies chrétiennes ont raisonné sur Dieu d'une façon académique. En fait, elles ont traité de Dieu comme s'il s'agissait d'un certain aspect d'un cosmos matériel évoluant par ailleurs selon un processus suggéré par les sens matériels. On a pris Dieu comme le point de départ logique de la création. On a considéré que Son influence avait avant tout une action à long terme. On a ainsi estimé qu'il remettait graduellement Sa création d'aplomb après que l'humanité eut choisi le péché et fut chassée du paradis.
On a considéré Dieu comme transcendant, inconnaissable sauf en de rares expériences mystiques. Pour la plupart des chrétiens, Il a été connu essentiellement dans le passé grâce à un événement surnaturel, lorsqu'il apparut censément sous l'aspect charnel de Christ Jésus, qu'il sacrifia le Fils pour annuler la dette du péché et qu'il donna à ceux qui reconnaîtraient formellement la réalité de cet événement la possibilité d'être sauvés.
On peut voir qu'il s'agit là de l'esquisse bien insuffisante que pouvaient tracer des gens qui se sentaient loin des immenses vérités convaincantes et des guérisons accomplies par la Parole faite chair. On la retrouve aujourd'hui sous des formes diverses parce qu'elle est le produit de la pensée qui choisit la matière comme étant l'aspect fondamental de la réalité, et de là, s'élève par le raisonnement jusqu'à Dieu.
Mrs. Eddy explique que, antérieurement à sa découverte de la Science Chrétienne, l'illusoire impression de sécurité qu'elle avait pu placer dans la naissance, la vie et la mort matérielles s'était dissipée. Dans l'épreuve qui la mena directement à sa découverte, elle se tourna complètement vers Dieu. Elle écrit: « Cette brève expérience comportait un aperçu du grand fait que, depuis, j'ai essayé de rendre clair à la pensée d'autrui, savoir, que la Vie est en l'Esprit et émane de l'Esprit, cette Vie étant l'unique réalité de l'existence. » Miscellaneous Writings, p. 24; On cessait ainsi d'avoir l'impression que la divinité restait dans l'expectative, comme suspendue au-dessus de l'histoire humaine et se réservant pour la fin. On la voyait en tant qu'Emmanuel, ou « Dieu avec nous », se manifestant dans l'existence humaine et apportant immanquablement transformation et guérison.
Lorsque l'égoïsme ou la crainte ne les assiégeaient pas, de hautes figures religieuses avaient eu des aperçus du Principe, l'Amour, au cœur de l'être. Mais le mal avait prétendu être irrésistiblement présent et le sentiment de la présence divine avait semblé disparaître. Par la révélation, la raison et la démonstration, Mrs. Eddy apprit que le mal n'est jamais réel. Elle vit, avec la même objectivité que le savant qui étudie le comportement des molécules, que le mal existe entièrement dans la pensée mesmérisée, craintive, aveugle, autrement dit ce que saint Paul appelait l'entendement charnel qui est « ennemi de Dieu ». Rom. 8:7; A la question: « Quel est le point capital qui différencie mon système métaphysique des autres systèmes ? » Mrs. Eddy répond: « Voici: C'est qu'en reconnaissant l'irréalité de la maladie, du péché et de la mort, vous démontrez la totalité de Dieu. » Unité du Bien, p. 9 ;
L'influence de la Science Chrétienne fut d'abord ressentie par ceux qui avaient le cœur pur et accueillirent sans réticence l'esprit du Christ, pour lesquels ni les dogmes ni la religion établie ne pouvaient avoir l'autorité finale.
Celui qui aujourd'hui prend place dans l'édifice primitif de L'Église Mère et, dans le silence, lit avec les yeux de ceux qui assistèrent les premiers aux services les passages de la Bible et des œuvres de Mrs. Eddy reproduits sur les murs, celui-là peut aisément se faire une idée de l'impact produit par l'avènement de la Science Chrétienne. L'influence curative du Christ fut alors ressentie comme au temps du Maître. Il ne s'agissait plus de l'étude comparée d'arguments théologiques opposés, mais de l'expérience directe d'une réalité entièrement nouvelle qui, une fois perçue, ne permettrait plus de voir le monde avec les mêmes yeux qu'auparavant. Le mysticisme, la spéculation théorique ou les émotions n'y avaient aucune part. Il s'agissait, comme aujourd'hui, de faire tomber craintes et limitations, d'étendre la portée de l'intuition spirituelle, de dissiper les discordances et le chaos de l'existence matérielle, parce qu'irréels et hors nature.
Mrs. Eddy écrit: « Jésus établit en l'ère chrétienne le précédent pour le christianisme, la théologie et la guérison. » Science et Santé, p. 138 ; L'Évangile de saint Jean relate la rencontre des disciples avec un aveugle de naissance. Ils se mirent à discuter entre eux d'un point de théologie, imputant au péché la cécité de l'homme. Ils soumirent au Maître la question de savoir qui, de l'homme ou de ses parents, avait péché. Mais Jésus, pour qui la réalité de l'unité de l'homme avec le Père était l'évidence même, se hâta de rendre la vue au malheureux. L'irrésistible vérité de la présence de Dieu élimina toute sombre hypothèse quant à Son absence. La perspective erronée dans laquelle avait surgi la question posée par les disciples n'existait plus.
L'avènement de la Science Chrétienne plaça les vieux arguments théologiques sous une lumière limpide et crue. A travers les siècles, les théologiens, de même que les savants, avaient considéré la matière comme évidente en soi. Mrs. Eddy traita la question d'une façon décisive. Voici ce qu'elle écrit au sujet du dilemme que pose la matière: « Accepter la première alternative de ce dilemme et considérer la matière comme étant un pouvoir en soi, dérivant de soi, c'est exclure le créateur de Son propre univers; tandis qu'accepter la seconde alternative du dilemme et regarder Dieu comme étant le créateur de la matière, c'est non seulement Le rendre responsable de tous les désastres physiques et moraux, mais aussi Le représenter comme en étant la source, Lui imputant ainsi le désordre perpétuel qu'il maintiendrait sous la forme et sous le nom de loi naturelle. » p. 119;
Les théologiens et les philosophes avaient déjà accordé quelque attention à la question. Mais devant les hommes du vingtième siècle le sujet allait être traité tout à fait à fond.
Depuis l'époque de la Renaissance, les théologiens ont été progressivement obligés d'abandonner un domaine où ils étaient à l'aise, celui de la discussion d'une cosmogonie surnaturelle, hautement imaginaire. Puis, au milieu du dix-neuvième siècle, la pression exercée par les sciences s'accrut soudain. Les travaux accomplis dans les domaines de l'anthropologie, de la psychologie, de l'astronomie, de la physique et de la génétique balayèrent les prétentions de la religion à rendre Dieu responsable de la marche même du monde matériel visible. Avec le vingtième siècle apparurent des concepts plus universels d'amour et de justice, en même temps qu'une prise de conscience tellement accablante de l'étendue des souffrances humaines que rares furent ceux qui purent encore voir un lien entre elles et un plan divin cohérent.
La pensée religieuse fut fortement influencée par le sombre tournant pris par l'histoire humaine. La philosophie existentialiste sonda l'anxiété et l'absurdité de l'existence mortelle. La théologie dominante de ces années-là, connue sous le nom de néo-orthodoxie ou théologie « de crise », insistait sur l'irrémédiable état de péché de l'humanité. L'homme, disait-on, ne pouvait que s'en remettre à la grâce, liée à cet événement d'un passé reculé que constitua la venue sur terre de Dieu incarné en Christ Jésus.
D'autres théologiens mettent couramment l'accent sur les souffrances de Jésus et son amour pour les autres, suggérant que l'intention de Dieu est de faire mener à l'homme en ce monde une existence parfaitement dénuée d'égoïsme sans lui laisser l'espoir de Le voir intervenir. L'« absence de Dieu » ou la «mort de Dieu » est actuellement le thème de nombreuses discussions. Pour bien des croyants, les idées depuis longtemps admises d'un Dieu surnaturel ont été remises en question.
Mrs. Eddy écrit: « Dans la mesure où le sens fini de la Divinité, basé sur des conceptions matérielles de l'être spirituel, abandonnera ses éléments les plus grossiers, nous apprendrons ce que Dieu est et ce que Dieu fait. » L'idée que les hommes se font de Dieu, p. 2 ; Actuellement l'humanité dont la pensée s'éveille spirituellement se débat désespérément avec l'hypothèse d'un univers matériel tragiquement imparfait qui semble offrir si peu de preuves de l'existence d'un Dieu infiniment bon et omnipotent. Mais les bouleversements intervenus au cours d'un seul siècle en théologie permettent d'anticiper l'issue de ce long conflit.
Aujourd'hui les croyants en nombre croissant conçoivent volontiers Dieu en tant qu'Amour, et répugnent à Lui attribuer des dispositions anthropomorphes. L'idée que l'on se faisait d'une expiation destinée à satisfaire la justice d'un Dieu de colère a fait place à l'idée d'une réconciliation de l'homme avec Dieu, avec sa véritable relation au Père. On interprète maintenant d'une façon générale le ciel et l'enfer comme des états de pensée, et non comme des lieux éloignés où seraient dispensés la récompense et le châtiment. On reconnaît davantage la prière comme l'éveil de l'homme à la réalité de l'omniprésence curative de Dieu, plutôt que comme un moyen d'obtenir que Dieu adopte un point de vue différent dans une situation donnée.
Maintenant on accepte bien plus volontiers la possibilité et la nécessité de saisir la signification des enseignements de Jésus grâce à l'illumination qu'apporte le Christ dans l'existence individuelle. On considère de moins en moins la simple profession de foi comme une preuve suffisante de christianisme. On exige sans cesse que l'esprit du Christ soit démontré d'une façon ou d'une autre au sein même de l'existence humaine.
Peut-être plus significative est la brèche ouverte dans l'antique barrière artificiellement établie entre le profane et ce qui était réputé sacré. Deux des théologiens de notre temps dont les écrits ont suscité le plus d'échos, Paul Tillich et Martin Buber, ont fait ressortir que le divin est une dimension de la réalité, toujours présente en toute activité humaine et en laquelle « toutes choses sont devenues nouvelles ». II Cor. 5:17; Ils se sont désintéressés jusqu'à un certain point du monde extérieur et du surnaturel qu'on lui a surimposé, pour regarder en eux-mêmes, et se fier à leurs intuitions les plus profondes de l'Amour et de l'Esprit.
Comme Mrs. Eddy l'avait prévu, en ce vingtième siècle la Science Chrétienne a conduit à la remise en honneur, dans les églises chrétiennes, de la guérison par des moyens spirituels. Le calvinisme avait considéré les guérisons du Nouveau Testament comme la manifestation « temporaire » de « puissances miraculeuses ». Les hommes d'église, en reprenant à nouveau les écrits des Évangiles, acquièrent la conviction qu'il s'agit de quelque chose de bien différent.
Dans une étude sur « Les rapports de la foi chrétienne et de la santé », publiée récemment par une certaine confession, on relève ceci: « Il [Jésus] considérait les guérisons qui s'opéraient comme autant de signes du pouvoir de Dieu intervenant dans le royaume du mal... Il [Jésus Christ] regardait la maladie comme une chose à vaincre. Il ne l'admettait pas. Il ne l'ignorait pas non plus... Il tenait tête à la maladie et en triomphait. Il enseignait que Dieu veut la guérison. » D'autres rapports de ce genre soulignent particulièrement le rôle joué par la Science Chrétienne dans la prise de conscience nouvelle relative à « ce qu'enseigne le Nouveau Testament, savoir la volonté de Dieu que nous soyons guéris et que nous ayons la santé. »
Aux États-Unis, on tient régulièrement, dans des centaines d'églises épiscopales et méthodistes, des services religieux consacrés à la guérison. D'autres confessions ont institué des commissions pour étudier la possibilité de la guérison spirituelle. Il subsiste des divergences capitales entre la théologie et la pratique de la Science Chrétienne et celles des autres religions. Mais les Scientistes Chrétiens ressentent la plus vive gratitude toutes les fois que la présence curative de « Dieu avec nous » est reconnue.
Mrs. Eddy fait remarquer: « La confiance qu'inspire la Science repose sur le fait que la Vérité est réelle et que l'erreur est irréelle. » Science et Santé, p. 368. L'étude de l'influence exercée par la Science du christianisme se poursuivra sans interruption à notre époque et dans les siècles à venir. On retiendra la leçon qui découle de ses déclarations sans équivoque concernant la totalité de Dieu, l'Esprit, le néant de la matière, et le nouvel homme ou homme parfait, apparaissant comme un fait scientifique acquis. Le profond christianisme de ses vues pénétrantes concernant la nature hypnotique et illusoire du mal sera largement adopté. En toutes circonstances, on constatera que la joie et le bien, que les hommes avaient cru fragiles et fugitifs, sont en fait l'essence, la structure, la substance même de l'être réel.