Chacun a vis-à-vis de soi-même un devoir important à remplir: celui de s'efforcer de comprendre que dans la vraie création où seul le bien règne, il n'y a aucune raison de se croire malheureux, plutôt que de chercher à être heureux pour des raisons matérielles.
En général, les hommes ont de la peine à abandonner leurs conceptions étroites concernant leurs rapports avec le reste de l'univers, et surtout avec Dieu, à supposer qu'ils reconnaissent plus ou moins nettement Son existence. Intuitivement ils pressentent que la réalité absolue du bien ne pourrait que les rendre heureux; mais, comme des voyageurs sur une mer en furie, ils voient trop d'occasions de douter que le bien soit même possible pour avoir le courage d'y consacrer exclusivement leurs pensées. Il n'est donc pas étonnant qu'ils restent si souvent dans leurs craintes, leurs maladies, les ténèbres de l'ignorance et de la superstition.
Lorsqu'il eut la vision d'un buisson qui, bien qu'en flammes, ne se consumait pas, Moïse reçut de Dieu une grande leçon, car il est écrit dans la Bible (Ex. 3:4, 5): « L'Éternel vit que Moïse se détournait de son chemin pour regarder; alors Dieu l'appela du milieu du buisson: Moïse ! Moïse ! — Me voici ! répondit-il. Dieu dit: N'approche pas d'ici. Ote les chaussures de tes pieds; car le lieu où tu te tiens est une terre sainte. »
La portée de cette leçon est pour nous aussi actuelle qu'elle le fut il y a des siècles pour le conducteur des Israélites. Nous avons à prendre la résolution de nous déchausser pour ainsi dire, de nous défaire de nos croyances négatives et de nos façons quelque peu grossières de juger des choses de la création. Nous devons affirmer la vérité, le fait que le bien seul est en accord avec la toute-puissance divine, alors que le mal n'a aucun fondement dans la réalité; et nos pensées s'élèveront plus haut dans la spiritualité.
Cela nous rapprochera du Christ, la filialité idéale avec Dieu; cela nous permettra de recevoir les bénédictions d'en haut que nous avions toujours attendues en vain des systèmes courants d'éducation qui tiennent la matière pour la base indispensable du bon fonctionnement de l'univers. Autour de nous abonderont les preuves qu'en effet la terre est sainte, comme tout ce qui relève de l'œuvre infinie de l'unique créateur.
A l'inspiration qui amena Moïse à voir qu'il se tenait sur un lieu saint, correspond aujourd'hui la providentielle œuvre de la Science Chrétienne. Tous ceux qui y prennent part peuvent s'attendre à faire tôt ou tard une expérience semblable à celle de Moïse et à voir leurs épreuves se muer en bénédictions.
Comme Scientistes Chrétiens nous avons à prouver chaque jour que nous possédons ce qu'il faut pour apprécier à sa valeur ce qui nous entoure, en apprenant à n'y découvrir que des manifestations de la perfection divine. La Science Chrétienne nous y aide et, tout en sachant qu'elle ne métamorphosera pas comme par magie nos difficultés matérielles en joies spirituelles, nous trouvons beaucoup de bonheur à compter sur elle pour illuminer notre conscience et augmenter notre spiritualité. C'est alors que les incidents de notre vie, même inchangés, recéleront d'abondants sujets de joie et de gratitude, inconnus de ceux qui regardent la spiritualité comme une utopie impossible.
Ce que nous apporte la Science Chrétienne ne nous appartient pas exclusivement, mais peut être revendiqué par la famille humaine tout entière. Ce qui nous confère le droit de nous en prévaloir, c'est que nous utilisons les vérités apprises grâce à la Science Chrétienne en les tenant pour dignes du plus haut intérêt. Nous trouvons ces vérités dans la Bible et dans les ouvrages de Mrs. Eddy, qui a découvert et fondé la Science Chrétienne.
Parmi ces ouvrages il en est un qui a pour titre Science et Santé avec la Clef des Écritures et qui joue un rôle prépondérant dans l'instruction des adeptes de cette Science. Dans ce livre, l'auteur écrit à la page 121, parlant des Mages de Chaldée: « Bien que pour eux aucune révélation plus élevée que l'horoscope ne se déroulât sur l'empyrée, la terre et le ciel étaient resplendissants, l'oiseau et la fleur étaient dans l'allégresse au sein du soleil perpétuel et heureux de Dieu, soleil doré de la Vérité. De même nous avons la bonté et la beauté pour nous réjouir le cœur. »
Fortifiés par les explications de la Science Chrétienne, si nous sommes décidés à accepter le sens spirituel qu'elles ne peuvent manquer de nous impartir, des émerveillements continuels nous attendront à chaque pas du pèlerinage, lequel nous conduira vers des révélations encore plus hautes. A mesure que nous nous dépouillons des fausses croyances et des opinions surannées pour faire place à l'intelligence spirituelle, nous voyons la sainteté se révéler comme la substance même des idées manifestant les merveilles de l'Amour.
Ne nous laissons pas aller à croire que le monde a changé depuis le temps où l'apôtre Pierre écrivait (I Pierre 1:15, 16): « De même que celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, puisqu'il est écrit: Soyez saints, car je suis saint. »
Certes, la sainteté ne s'acquiert pas sans peine. On ne devrait cependant pas ignorer que les conseils pratiques pour nous faciliter la tâche abondent dans les écrits de Mrs. Eddy. En voici un exemple particulièrement probant: « Il est une chose que j'ai grandement désirée et que je requiers encore instamment de tous les Scientistes Chrétiens, où qu'ils se trouvent: c'est de prier chaque jour pour eux-mêmes, non pas avec des paroles, ni à genoux, mais mentalement, humblement et sans relâche » (Miscellaneous Writings, p. 127).
Priant chaque jour de cette façon, nous pouvons être assurés que le jour ne tardera pas à venir où le ciel et la terre seront pour nous éclairés d'une lumière nouvelle, non par une lumière surnaturelle, mais par l'Amour divin qui embellit et magnifie toutes choses. Et nous saisirons mieux, pour nous en fortifier, ce message de l'Apocalypse (21:3): « Voici le tabernacle de Dieu au milieu des hommes ! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple; Dieu lui-même sera avec eux. »