Les œuvres de Mrs. Eddy renferment un nombre élevé de remarques étonnantes concernant la victoire de la Vérité dans toute situation, aussi pénible ou désespérée semble-t-elle à vue humaine. Si notre Leader avait écrit de simples élucubrations intellectuelles, ou s'il s'agissait de conclusions théoriques et hasardeuses, d'articles de foi froidement dogmatiques, jamais ses idées n'auraient pu produire un tel effet. Mais parce qu'elles sont essentiellement dérivées de l'intelligence spirituelle qu'elle tenait de Dieu et qu'elle avait mise à épreuve pratique, elles ont pu toucher le monde entier.
On peut retirer des ouvrages de Mrs. Eddy une compréhension profondément scientifique du Christ, de la Vérité, une connaissance de sa vérité et de son pouvoir absolus qui fait ressortir le caractère éphémère de tout ce qui semble les contredire. C'est ainsi que la Vérité peut remporter la victoire sur l'erreur et devenir le seul appui pour la conscience spiritualisée.
Grâce à l'envolée de sa merveilleuse inspiration, notre Leader communiquait sa conviction à des lecteurs qui ne l'avaient ni vue ni entendue, aussi bien qu'à ceux avec lesquels elle avait un contact direct. D'où lui venait ce pouvoir d'atteindre les hommes et de transformer leur pensée, aussi ancrée fût-elle dans ses craintes et ses erreurs passées, et malgré une opposition tenace à tout ce qui tend à jeter un discrédit sur ses superstitions les plus tenaces ? D'où tenait-elle ce pouvoir de rendre sensible par le simple agencement de mots l'illumination, l'aube spirituelle que lui avait apportée la révélation du Christ au cours de ses moments de recueillement et de communion avec Dieu ?
Son habileté à faire connaître tous les aspects multiples de sa découverte avait la même origine que la révélation: Dieu, l'Entendement qui est Amour, origine spirituelle et infinie de toute vérité, de toute intelligence, donc la seule raison d'être de tout ce qui est vrai et noble, aimant et vital.
Le secret du pouvoir inégalé qu'avait Christ Jésus de capter l'attention de son auditoire réside dans une remarque par laquelle il fit ressortir le lien entre ses enseignements et Dieu, son Père, dont il les avait reçus. Il dit en effet: « Ce que j'ai appris de lui, je le dis dans le monde » (Jean 8:26). Notre Leader aurait pu reprendre ses mots à son compte avec la plus entière sincérité, car son exposition de la Science Chrétienne a été constamment fidèle à ce que Dieu lui en avait révélé. C'est cette fidélité qui donne à ses ouvrages le pouvoir spirituel de communiquer leur message aux lecteurs.
Ce don merveilleux de Dieu, la compréhension du Christ, de la vérité de l'être, elle ne l'avait pas reçu pour elle-même, mais pour le partager avec d'autres. La vénération et l'humilité spirituelle qui caractérisèrent son attitude envers Dieu la préparèrent à recevoir toutes les qualités nécessaires à l'accomplissement de sa mission divine, impliquée dans le simple fait d'avoir eu cette révélation; et cette mission, c'était que la Découvreuse de la Science Chrétienne en devienne aussi la Fondatrice, en présentant ses vérités au genre humain.
Avec une modestie faisant totalement abstraction de sa personne, Mrs. Eddy expose dans Miscellaneous Writings les premiers stades de ses efforts éclairés et infatigables pour remplir la mission que Dieu lui avait confiée, et combien elle désire que ses disciples assument à leur tour cette responsabilité. « La graine de la Science Chrétienne, qui était “la plus petite de toutes les semences”, quand elle fut semée, a levé, porté du fruit, et les oiseaux du ciel — les désirs exaltés du cœur humain — sont venus “faire leurs nids dans ses branches”. Maintenant il faut que mes élèves loyaux portent le fruit de cet arbre aux couvées de corbeaux nichés dans les rochers » (p. 356).
Nous aussi, nous cherchons souvent à transmettre à d'autres certaines des choses qu'enseigne la Science Chrétienne; nous réussissons parfois, mais il semble aussi que nous connaissons des échecs. Nos efforts aimants porteront de meilleurs résultats si nous nous rappelons qu'en réalité il n'est pas communiqué d'idées par une personne à une autre, mais plutôt par l'Entendement divin, ou Dieu, à l'homme qui est Son image parfaite, et qui en tant que reflet est tout de suite sensible à tout ce que lui suggère l'Entendement. Mrs. Eddy nous le rappelle dans Science et Santé avec la Clef des Écritures: « Ce n'est pas l'intercommunication personnelle, mais la loi divine qui communique la vérité, la santé et l'harmonie à la terre et à l'humanité » (p. 72).
La compréhension et l'acceptation au plus profond de nous de cette vérité nous permettront de trouver les moyens de présenter la vérité à notre prochain de la façon la mieux adaptée à son présent développement spirituel et à son degré de docilité.
Parfois nous nous heurtons à quelque manifestation de volonté par laquelle une personne essaie de nous imposer ses vues; nous devons alors nous en tenir à la remarque de notre Leader concernant Christ Jésus, l'homme qui, de toute l'histoire, a le mieux su transmettre le message de vérité: « Le grand Maître connaissait à la fois la cause et l'effet, il savait que la vérité communique la vérité mais ne transmet jamais l'erreur » (ibid., p. 85). Si nous avons constamment ce fait présent à la pensée, nous serons protégés des assauts portés par l'erreur à nos convictions et nous nous épargnerons des efforts mal dirigés, pour bien intentionnés qu'ils soient, par lesquels nous risquerions d'inculquer à autrui quelque opinion erronée que nous avons acceptée.
Si, avides de faire connaître la vérité autour de nous, nous essayons de raisonner comme dans une conversation ordinaire, nous ne sommes que trop exposés à utiliser les raisons de l'entendement humain à l'appui de la vérité spirituelle. Dans ce cas il est peu probable que la discussion mènera à quelque chose. Ce que nous devons faire, c'est d'amener notre interlocuteur à vouloir utiliser les sens spirituels qu'il tient de Dieu et qui peuvent seuls lui permettre de discerner une idée spirituelle.
Grâce au pouvoir qu'a la Vérité de transmettre ses propres idées, il pourra reconnaître quelle est la nature de Dieu, seul Entendement, ou Vie, ainsi que sa propre coexistence avec la Vie, la fausseté de ses anciennes croyances matérialistes à son égard et par voie de conséquence, la nature illusoire de leurs effets malheureux sur son bien-être mental et physique.
Un simple aperçu de ces vérités suffit à ébranler toute résistance opposée au Christ par le matérialisme, telle la résistance passant pour la pensée même de l'interlocuteur, et contribuera à lui rendre plus familière l'intelligence spirituelle qui peut libérer, enrichir et embellir son existence.
Au lieu de nous désoler à l'idée que nous ne savons pas transmettre la vérité, nous devrions nous rappeler ce qui arriva à Jérémie quand il apprit que Dieu lui ordonnait d'être « prophète des nations » (1:5). Jérémie répondit timidement: « Hélas! Seigneur Éternel, je ne sais point parler; je ne suis qu'un enfant. L'Éternel reprit: Ne dis pas: Je ne suis qu'un enfant; car tu iras trouver tous ceux auprès de qui je t'enverrai et tu leur annonceras tout ce que je t'ordonnerai de leur dire... Puis l'Éternel étendit la main et en toucha ma bouche. L'Éternel me dit encore: J'ai mis mes paroles dans ta bouche. »
Dieu a « touché la bouche » de chacun de nous de Sa main. Nous pouvons compter sur l'inspiration divine, car la compréhension du Christ, de la Vérité, et la faculté inspirée de la transmettre — tout comme la responsabilité d'ailleurs — nous viennent de Dieu et sont indissolublement liées.