De tout temps, dire la vérité a été considéré comme la marque d'un caractère droit et comme la condition fondamentale pour réussir dans la vie. On l'enseigne aux enfants, on l'exige dans les tribunaux, où le mensonge est puni, et les adultes doivent s'exercer à être honnêtes envers eux-mêmes et envers les autres s'ils veulent se conserver leur propre estime et celle des autres. Dire la vérité est absolument nécessaire au succès du mariage, des affaires et dans tous nos contacts humains.
D'où vient cette nécessité ? Comment cette qualité s'est-elle développée depuis l'époque primitive où les besoins matériels étaient les seuls objectifs des efforts des hommes ? Il est vraisemblable qu'après avoir longtemps observé les effets de la véracité sur soi-même et sur les autres, on en est graduellement arrivé à la conclusion que la vérité est bonne, qu'elle est sa propre preuve, qu'elle est la protection de tous et qu'un mensonge a les qualités opposées: c'est un mal qui peut détruire et qui se détruit lui-même.
L'expérience que firent les hommes de la vérité et du mensonge, les leçons qu'ils en tirèrent, les effets qu'ils en ressentirent, tout cela est raconté en détail dans l'Ancien Testament, l'histoire des enfants d'Israël. Tout cela prépara les hommes, dans une certaine mesure, à avancer d'un degré dans leur développement spirituel: l'assimilation des enseignements de Christ Jésus. Dans sa merveilleuse œuvre de guérison et par l'exemple de toute sa vie, le Maître prouva que Dieu est Amour, et il amena les hommes à comprendre que l'Amour est Vérité et que l'homme est réellement l'enfant bien-aimé de Dieu, qui vit éternellement, qui est toujours aimant et véridique. Ainsi, il montra que c'était la seule ligne de conduite valable, car il mit sur le même plan affection et véracité.
Les enseignements du Maître, bien qu'ils soient simples, s'élèvent aux sommets de la spiritualité, car ils représentent le Christ. Mary Baker Eddy, Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, écrit dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 26); « Le Christ était l'Esprit dont parlait Jésus lorsqu'il disait: “Je suis le chemin, la vérité et la vie;” “Moi et le Père nous sommes un.” Ce Christ, ou la divinité de l'homme Jésus, était sa nature divine, la sainteté qui l'animait. »
La sainteté du Maître représentait pour les humains un modèle de la moralité divine, et cette moralité est aussi permanente que la Vérité elle-même. Pendant sa carrière terrestre, la vérité et l'amour atteignirent avec lui leur plus haute manifestation parce qu'il en démontra l'unité parfaite. En effet, véracité et bonté viennent de la même source infinie, le Principe divin, Dieu, et ces qualités sont toutes deux reflétées et exprimées par l'homme, Son image et Sa ressemblance. Dans la mesure où ce fait de l'être sera compris, l'amour et la vérité se manifesteront conjointement dans l'existence.
Un comportement semblable à celui du Christ est le fruit de la christianisation de la pensée. Ce comportement est caractérisé par une vénération grandissante pour la Vérité, vénération qui nous vient à mesure que nous faisons l'expérience de l'influence suprêmement bienfaisante de la Vérité. Les magnifiques récompenses que procure un comportement chrétien sont la paix spirituelle, la capacité de discerner le chemin tracé par Dieu et le désir d'y marcher, la joie profonde de vivre en harmonie avec nous-mêmes, avec notre vrai moi, reflet de la Vérité et de l'Amour. Non seulement ces récompenses spirituelles pourvoiront à tous nos besoins; elles contribueront de plus à rendre notre vie plus utile, heureuse et belle.
Cependant, si nous nous contentons de comprendre ces vérités de façon intellectuelle, sans ressentir le désir spirituel de nous y soumettre totalement, nous ne ferons que rendre un hommage verbal à la Vérité. De même, observer une attitude qui ne vient pas d'une dévotion véritable et qui n'obéit pas vraiment aux exigences de la Vérité et de l'Amour, c'est comme se contenter de « nettoyer le dehors de la coupe et du plat ». Un tel mensonge dénote un manque du respect dû à la Vérité et fait obstacle à la vie spirituelle et au travail de guérison.
Christ Jésus fit remarquer que le nettoyage spirituel doit venir du dedans; le dehors, l'image que nous présentons à notre prochain, rendra justice à nos pensées les plus secrètes, reflétera cette vénération pour la Vérité qui est une nécessité absolue pour exercer le ministère de la guérison en Science Chrétienne. Car ce n'est ni la logique pure ni un simple raisonnement intellectuel, si juste soit-il, mais notre amour et notre vénération pour un Dieu que l'on peut comprendre, qui nous pousse à abandonner et à considérer comme entièrement faux tout concept matériel de la vie, et à nous soumettre au règne du Christ — c'est-à-dire à la vérité scientifique selon laquelle Dieu est parfait et l'homme — Son reflet spirituel — est parfait. C'est cette profonde vie intérieure qui donne à nos affirmations de la vérité le pouvoir de guérir.
Vénérer la Vérité, Dieu, c'est être humble; c'est dans cet esprit que nous devons nous approcher de Dieu. L'humilité nous apporte une vision de plus nette de ce qu'Il est. Elle seule nous permet d'appliquer les vérités de la Science Chrétienne sans créer en nous aucun sentiment d'un pouvoir qui nous appartiendrait en propre ou nous concernerait personnellement, mais au contraire en nous faisant prendre conscience de l'omnipotence de l'Amour divin. Mrs. Eddy dit dans Miscellaneous Writings (p. 356): « L'humilité est la lentille, le prisme à travers lesquels nous percevons la guérison par l'Entendement; elle est nécessaire à la compréhension de notre manuel d'instruction; elle est indispensable à la croissance de chacun et guide nos pas vers le divin Principe et la règle de sa démonstration. »
Si nous révérons Dieu, la Vérité, la Vie et l'Amour, le créateur, nous aurons du respect pour SA création, de la tendresse pour toutes les manifestations de la Vie. Si nous nous appliquons à cultiver ce sentiment de vénération spirituelle, nous ne nous rendrons jamais coupables d'irrévérence, c'est-à-dire d'actes irrespectueux, injustes, peu aimants envers autrui, car nous nous souviendrons que, quel que soit son niveau social, il est, dans son être véritable, l'enfant d'un seul créateur infini, dont nous disons honorer et révérer l'œuvre.
Contrairement à une croyance prévalant surtout dans les milieux d'affaires, l'expression de la vérité spirituelle la plus absolue qui se révèle dans notre respect et notre considération bienveillante pour ceux d'un rang inférieur ne nous exposera pas en retour à des indignités, ni ne risquera de relâcher la discipline d'un bureau. Au contraire, notre attitude contribuera à renforcer l'appréciation mutuelle et l'intérêt pour les tâches quotidiennes, au point que nous connaîtrons cet esprit d'entraide si nécessaire au succès de toute entreprise collective.
La vénération pour la Vérité n'est pas inspirée par la crainte mais par l'amour; humilité n'est pas synonyme d'humiliation. C'est le résultat d'une évaluation scientifique de notre vrai moi et de notre parenté avec Dieu; obéir à Dieu, ce n'est pas céder à la force; cela tient du désir spontané de l'enfant heureux qui veut mériter l'approbation de son Père-Mère bien-aimé et tout aimant: « Celuici est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection » (Matth. 3:17). La Science Chrétienne nous inspire cette vénération que le Psaume 119 exprime si bien (versets 10–15): « Je te cherche de tout mon cœur; ne permets pas que je m'égare loin de tes commandements !... Je méditerai tes commandements, et je fixerai mes regards sur tes sentiers. »
