Dans son article intitulé « Jeunes gens et hommes jeunes », Mrs. Eddy déclare: « Cher lecteur, la droiture dans la pensée, la sensibilité et l'action — l'honnêteté, la pureté et le désintéressement — mène la jeunesse au succès, à l'intellectualité et au bonheur de l'âge mûr » (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 274).
On remarquera que notre Leader considère l'intellectualité, ainsi que le succès et le bonheur, comme l'une des récompenses de la droiture. Il est clair que cela ne se réfère pas à l'intellectualisme aride et arrogant qui s'oppose à la spiritualité, mais s'accorde à l'humilité, à l'amour, à l'innocence, qui seuls peuvent percevoir les vérités importantes de la révélation et de la rédemption spirituelles.
Quel type d'intellectualité le Scientiste Chrétien peut-il donc s'attendre à démontrer s'il veut être un disciple scientifiquement chrétien ? Ce n'est pas une question académique. Cela concerne directement et vitalement notre salut individuel et l'apparition du royaume de Dieu dans toutes les sphères de la vie humaine.
Faisons une simple analogie entre l'intellect et le corps humains.
La Science Chrétienne nous enseigne que l'homme est entièrement spirituel, le reflet ou la manifestation de l'Esprit, de Dieu. La conception finie et mortelle de l'homme, qui semble se manifester dans un corps physique, n'est qu'une fausse perception de l'homme réel et spirituel. Lorsque les faits véritables de l'être apparaissent dans la pensée humaine, la conception mortelle et erronée disparaît graduellement et l'homme parfait de la création divine se manifeste progressivement.
Mais il n'en résulte pas la disparition du corps physique jusqu'à ce que toute trace de mortalité, comme dans l'ascension de Christ Jésus, ait été éliminée de la conscience individuelle et que l'humain ait entièrement cédé au divin. Jusqu'à ce que ce développement ait été atteint, il semble très nécessaire d'avoir un corps humain qui soit dans nos activités journalières un instrument temporaire mais utile, même si le Scientiste Chrétien comprend clairement qu'il n'est qu'un concept matériel et limité de son identité véritable, d'un corps entièrement spirituel. En fait, en remplaçant la croyance à un corps matériel substantiel par la compréhension de l'identité spirituelle donnée par Dieu, le corps donne les signes extérieurs de la régénération et d'une vigueur nouvelle, il se libère progressivement des limitations matérielles. Tel est l'état de pensée qui préside à la résurrection et, sur le plan actuel de l'existence, seul le Maître a dépassé cet état et s'est libéré totalement de toute matérialité.
Supposons maintenant que nous comparions l'intellect et le corps humains. Nous voyons le premier comme un concept fini et mortel de l'intelligence divine infinie que reflète l'homme, l'enfant de Dieu. Mais le fait de reconnaître cela ne fait pas disparaître l'intellect humain subitement, pas plus qu'il n'élimine sur-le-champ le corps humain. Au contraire, l'intellect régénéré en reçoit une vigueur nouvelle, il s'assouplit, il obéit comme un serviteur au sens spirituel, il se libère des prétentions erronées de la matérialité ou de la croyance à l'entendement dans la matière, et il se prépare à céder graduellement et entièrement à la seule réalité de l'unique Entendement divin.
En d'autres termes, la spiritualisation de la pensée accroît et enrichit les activités intellectuelles au lieu de les diminuer. Mais ce résultat ne saurait être le but essentiel de celui qui, ouvert à l'Esprit, étudie la Science Chrétienne, pas plus que la santé corporelle, comme telle, n'est un but en soi.
Nous devrions nous étonner de trouver un Scientiste Chrétien qui pense presque uniquement à son corps et fasse passer la culture physique et les prouesses athlétiques avant le désir sérieux de mieux connaître Dieu et de mieux Lui obéir, de dépouiller le vieil homme et de revêtir le nouveau. De même, un Scientiste Chrétien ne saurait se permettre de laisser l'intellect devenir son maître plutôt que son serviteur, une fin plutôt qu'un moyen. Ce culte d'un faux dieu produit l'intellectualisme et non la saine activité intellectuelle qui résulte de la culture spirituelle. Nulle brillante gymnastique mentale ne saurait cacher la pauvreté spirituelle de cet intellectualisme, qui repose sur le sens personnel. Même dans ses plus grandes aspirations, ce n'est qu'une parodie du jeu libre, vivant et fécond de l'intelligence divine.
Puisque l'entendement mortel tend toujours aux extrêmes, notre Leader, Mrs. Eddy, nous avertit des dangers dans les deux directions. D'une part, elle écrit dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 452): « Mieux vaut le frugal repas intellectuel avec le contentement et la vertu, que le luxe du savoir avec l'égotisme et le vice. » D'autre part, se référant dans The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, aux effets du magnétisme animal sur ceux qui ne lui résistent pas, elle écrit (p. 211): « Il endort d'autres entendements et la victime se trouve dans un état de demi-individualité, avec une brume mentale qui n'admet aucune culture intellectuelle ni aucune croissance spirituelle. »
Ainsi, Mrs. Eddy guide ses étudiants entre les deux gouffres de l'intellectualisme et de l'indolence mentale, les dirigeant toujours vers l'unique Entendement divin, source de l'intelligence.
A ce propos, il importe de reconnaître que la personne la plus humble et la moins instruite n'est pas exclue du ministère guérisseur ou de l'appel compatissant de la Science Chrétienne. En réalité, bien des personnes que leur éducation a mises dans un état pénible d'infériorité ont découvert que la Science divine était le Consolateur guérisseur et sauveur dans des circonstances diverses. Elles ont vu qu'elle enrichissait leur expérience de la vie, développait leurs intérêts, leur donnait une nouvelle assurance quand elles pensaient, et leur ouvrait à toutes les trésors de l'Entendement infini.
Il y a de nombreuses années, je connaissais une praticienne de la Science Chrétienne qui illustrait d'une manière frappante cette possibilité. Par suite d'une santé maladive durant son enfance, son éducation avait été sévèrement abrégée. Elle manquait même des connaissances élémentaires dans certains domaines. Cela lui pesait beaucoup, surtout lorsque par son mariage elle entra en contact avec des gens très cultivés. Mais elle trouva sa réponse dans la Science Chrétienne. Quoique n'étant nullement une intellectuelle, ele montra une intelligence curieuse et souple qui poussait certaines gens à penser qu'elle avait fait des études universitaires exceptionnelles. La lecture du Christian Science Monitor l'aida beaucoup; elle fut intuitivement guidée vers les livres, les personnes et les sources qui pouvaient lui fournir le plus rapidement et le plus efficacement les informations essentielles que son activité exigeait.
Petit à petit, elle vit de jeunes intellectuels lui demander de l'aide, des étudiants, des savants, des artistes, des hommes et des femmes lancés dans leur profession. Elle ne leur dit jamais froidement qu'ils souffraient de l'intellectualisme, quoique ce fût le cas pour plusieurs d'entre eux. Comprenant clairement leur besoin du Christ guérisseur, elle montra une grande patience pour leurs doutes et leurs objections intellectuels; et s'adressant à l'Entendement divin pour être guidée, elle put répondre à leurs questions d'une manière raisonnable et avec pertinence. Dans ce travail, elle sentit l'importance pour le monde d'avoir des Scientistes Chrétiens capables d'allier la spiritualité authentique à l'excellence des résultats dans les domaines variés de l'activité intellectuelle et elle encouragea par conséquent ces jeunes hommes et ces jeunes femmes à reconnaître que leur humble consécration au Christ n'impliquait aucun sacrifice de leur intégrité ou de leur vivacité intellectuelles.
Notre Maître bien-aimé ne possédait pas une culture brillante au sens mondain; cependant, à l'âge de douze ans, il confondait les docteurs dans le temple, et plus tard, les Juifs, étonnés, demandaient: « Comment cet homme connaît-il les Écritures, lui qui n'a pas étudié ? » (Jean 7:15). D'autre part, Dieu utilisa pour un dessein grandiose l'apôtre Paul, qui avait bénéficié d'une éducation excellente, lorsque son orgueil intellectuel eut cédé à la révélation spirituelle.
Dans le monde complexe d'aujourd'hui, il faut de nombreux disciples pour porter l'évangile guérisseur de la Science Chrétienne non seulement aux malades, aux pauvres, à ceux qui ont le cœur brisé, mais encore à ceux qui recherchent avec zèle et parfois désespérément la vérité dans les conseils des érudits, dans les écoles et les laboratoires, dans les arts et les sciences, dans tous les domaines de la pensée d'où jaillissent les idées qui servent à façonner le caractère d'une époque.
La Science Chrétienne saisit le chercheur honnête partout où elle le trouve et commence aussitôt à lui dérouler la liberté spontanée de l'être spirituel. Mais pour être propagée et pratiquée avec le plus grand succès, la Science damande un public respectueux des livres, de la recherche désintéressée, de la culture supérieure, un public désireux d'examiner les idées nouvelles et d'en rechercher la signification plus profonde, car l'éducation de la Science Chrétienne repose elle-même sur les livres, la Bible et les ouvrages de Mrs. Eddy, qui nécessitent une profonde méditation, une étude longue et consciencieuse pour qu'ils offrent leurs plus grandes richesses.
Dès la première page, Science et Santé expose clairement que le monde a besoin de penseurs. Le genre de pensée proposé par ce livre magnifique réconcilie la révélation divine et la raison humaine et conduit inévitablement à la démonstration pratique. La pensée spirituellement scientifique part d'une base radicalement nouvelle et touche toutes les phases de l'existence. Elle guérit à la fois la vanité intellectuelle et la complaisance de l'ignorance. Elle élève, défie, donne des forces nouvelles tout en réconfortant, bénissant et guérissant. C'est l'intelligence chrétienne manifestée dans les affaires humaines et elle nous mène à la liberté physique, morale et intellectuelle tout en transformant lumineusement chaque aspect de notre vie.
