Ayant affirmé que le mal est une réalité, qu'il est aussi réel et parfois plus puissant que le bien, les hommes se sont sentis limités dans leur aptitude à le dominer. Il est clair que, pour le matérialiste, le mal semble réel, puissant et toujours actif. En fait, la matérialité a induit les hommes à accepter à première vue tout ce que le mal semble être et faire. Par conséquent, ils ont confirmé, non la réalité, le pouvoir et l'action du mal, mais leur croyance à sa réalité, à son pouvoir d'agir.
Les Scientistes Chrétiens apprennent que la spiritualité leur permet de voir au travers des prétentions du mal, c'est-à-dire de les « dévoir », et d'apercevoir la totalité de Dieu, du bien, et le néant du mal qui en découle.
Personne ne niera que le bien existe; ce dont on pourrait douter, c'est de la totalité du bien, de son infinitude. Mais il est impossible de discerner le néant du mal jusqu'à ce que la totalité du bien soit reconnue. Personne ne saurait comprendre la totalité du bien et en même temps croire que le mal est quelque chose. La totalité du bien imprime la marque de la fausseté à toutes les prétentions du mal.
La matérialité a tendance à permettre au mal d'exalter sa fausse conception de la substance et du pouvoir au-dessus du bien et elle fut dénoncée par Ésaïe il y a des siècles. Il appela Satan, la personnification du mal, Lucifer, qui dans sa vantardise et son égotisme disait: « Je monterai sur les hauteurs des nues; je serai semblable au Très-Haut » (14:14). Mais le prophète prédit aussi l'impuissance du mal à rendre bonnes ses prétentions en ces mots: « Et te voilà pourtant descendu dans le Séjour des morts, dans les profondeurs de l'abîme ! »
La totalité et l'infinitude du bien sont la seule base sur laquelle on puisse expliquer la fausseté des prétentions du mal et les détruire. Comprendre l'infinitude du bien vient à notre conscience comme une communication de Dieu, de l'Esprit. Mais, pour être valable, cette compréhension doit se démontrer en dominant les fausses prétentions du mal. Mrs. Eddy déclare dans Science et Santé (p. 6): « Dieu n'est pas séparé de la sagesse qu'Il confère. Il nous faut mettre à profit les talent qu'Il donne. »
La magnifique allégorie des deuxième et troisième chapitres de la Genèse dépeint Ève: elle rencontre par malheur un serpent qui parle, symbolisant le mal intelligent et nommé dans la Science Chrétienne entendement mortel. Selon cette allégorie, le mal opère en surprenant Ève, en minant son pouvoir de résister et en la privant du désir ou de la capacité de vivre en accord avec les exigences de l'Entendement divin. La valeur de cette allégorie réside dans le fait qu'elle montre comment le châtiment atteint celui qui n'utilise pas la sagesse dont l'homme a été spirituellement doué, la sagesse qui le rend supérieur à ce qui l'environne.
Un terme scientifique pour le serpent, c'est le magnétisme animal: animal parce qu'il a affaire à l'opposé de l'Esprit, magnétisme parce qu'il représente l'attraction. Il implique l'attraction de la chair, la répulsion de l'Esprit. « Le magnétisme animal, dans sa marche ascendante vers le mal, séduit sa victime par des arguments invisibles et silencieux », écrit Mrs. Eddy (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 211).
Jésus présenta à ses disciples la parabole frappante de l'économe infidèle et montra que les gens mondains, matérialistes, voient souvent plus loin en prenant soin de leurs intérêts personnels que les gens éclairés spirituellement en protégeant leurs progrès spirituels. « Les enfants de ce siècle, dans leurs rapports avec les hommes de leur génération, sont plus prudents que les enfants de lumière » (Luc 16:8); c'est ainsi que le Maître apprécia cette insuffisance.
Le combat des hommes contre le mal a souvent été vain parce qu'ils ont cru que mettre en question sa vérité était un parfait non-sens. C'est pourquoi les hommes reconnaissent le mal pour vrai et qu'ils affirment ne pas pouvoir faire grand-chose à son sujet.
Il est donc réconfortant d'apprendre, grâce à la Science Chrétienne, que non seulement nous devrions, mais que nous devons mettre en question la réalité du mal si nous voulons en dominer les fausses prétentions. La Science Chrétienne démasque la nature du mal, en expose les méthodes trompeuses et nous permet de le dominer avec succès.
Le dessein et le but de tout Scientiste Chrétien honnête, c'est de déjouer les projets du mal en exaltant le bien comme le fait spirituel de l'être. Pour cela, il faut être honnête avec soi-même, pratiquer ce que l'on prêche, utiliser sa compréhension de façon appropriée. Jésus reprocha aux scribes et aux pharisiens leur incapacité à faire cela, disant: « Vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, tandis que l'intérieur est plein de rapacité et d'intempérance » (Matth. 23:25).
Les lois morales et éthiques exigent que nous fassions le bien et évitions de faire le mal. Ces moniteurs indispensables, la morale et l'éthique, émanent de l'Esprit et il n'y a aucun secteur de notre expérience quotidienne où ils ne soient pas des facteurs déterminants.
L'histoire relate les vaines tentatives des hommes de vivre leurs idéals sans reconnaître les tromperies du mal, son irréalité, et sans les traiter effectivement comme telles. On peut seulement s'étonner qu'ils aient fait tant de progrès dans leurs efforts de s'attacher au bien en dépit de leur croyance à la réalité et au pouvoir du mal !
Jésus était au-dessus de la croyance du monde au mal. Dans sa vie, le Christ, sa nature divine, l'idée spirituelle de Dieu, était à l'œuvre. Il déclara (Jean 10:7, 9): « Je suis la porte des brebis... Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé; il entrera et sortira, et il trouvera de la pâture. » Pour les Scientistes Chrétiens, cela signifie que la seule manière de dominer le mal est de céder au Christ, le pouvoir rédempteur de Dieu.
Le levain du Christ est à l'œuvre dans la pensée humaine. Grâce à ce levain, notre spiritualité augmente de plus en plus. Et c'est de ce point de vue, et de ce point de vue seulement, que nous sommes capables de traiter le mal, non comme une réalité, mais comme un imposteur; que nous pouvons chasser de la conscience ses fausses prétentions et nous libérer ainsi d'une servitude fictive.