Deux petits enfants de Concord, New Hampshire, assis sur un montoir, regardaient Mrs. Eddy passer en voiture chaque jour devant leur maison. Elle avait l'habitude de leur sourire et de leur faire un signe de la main, et parfois de leur envoyer un baiser. Ce simple incident quotidien prit peu à peu une grande place dans leur vie. Je le sais, parce que j'étais un de ces enfants.
Plus récemment, lors d'un séjour chez une personne qui avait été très proche de notre Leader et qui plus tard devait devenir une des présidentes de notre chère Église Mère, je lui demandai comment, à son avis, il se faisait que nous éprouvions, comme petits enfants, un si grand désir d'être en présence de Mrs. Eddy, chaque fois que l'occasion se présentait.
« Sans aucun doute », répondit-elle, « parce qu'à chacun de ses passages, notre Leader vous voyait dans votre véritable relation à Dieu, et qu'en retour vous sentiez irrésistiblement la grande attraction de l'Esprit. Il n'est donc pas étonnant que vous ayez voulu être présent. »
Notre démonstration des progrès d'une église filiale, ne dépend-elle pas du caractère et de la qualité de la pensée de ses membres ? Et l'importance de cette pensée n'est-elle pas d'autant plus grande lorsqu'il s'agit de nos jeunes gens — de leurs activités, de leurs décisions et de leurs aptitudes ? Lorsque nous pouvons tous dire en parfaite honnêteté: « Je ne vois jamais Dieu et l'homme comme étant séparés », ne pouvons-nous pas nous attendre à ce que les jeunes gens, répondant à l'attraction de l'Esprit, viennent aux classes de l'École du Dimanche et à nos services avec régularité, réceptivité, et ayant bien fait leur travail préparatoire ? Et ne deviendraient-ils pas plus tard membres de l'église avec plus d'empressement, et en plus grand nombre ?
Nous savons que l'espoir le plus cher de notre église, est de voir s'établir dans notre propre pensée et dans celle de nos enfants, un amour dévoué pour la Science Chrétienne, et la résolution de l'utiliser pleinement comme le chemin de la Vie et de l'Amour, démontrant la fraternité des hommes. Comment progressons-nous vers la réalisation de ce grand espoir, et que pouvons-nous faire encore ? Cherchons-nous notre inspiration à « la source d'eau vive » ou bien creusons-nous « des citernes crevassées qui ne retiennent pas l'eau » ? ( Jér. 2: 13.)
Étant moniteur à l'École du Dimanche, j'avais remarqué que certains élèves qui étaient entrés dans les classes vers l'âge de treize ans, n'arrivaient jamais jusqu'aux grandes classes dans l'une desquelles j'enseignais. Que devenaient-ils ? Je découvris que plusieurs d'entre eux assistaient aux services de l'église, étant sans doute à la recherche de ce qu'ils croyaient être une expérience plus avancée. D'autres furent introuvables.
Parlant de ces jeunes gens avec d'autres membres de l'église, je découvris une tendance à les blâmer chacun individuellement, ou en tant que groupe pour ce dont, je le reconnus plus tard, nous étions, en tant qu'adultes, tout au moins en partie responsables, parce que nous n'avions pas vu leurs besoins et n'y avions pas pourvu. Vers ce temps-là, les élèves de ma classe commençaient à venir irrégulièrement et à faire un mauvais travail de préparation. « Je fais de mon mieux », me disais-je. « Pourquoi ces jeunes gens sont-ils aussi indifférents ? » C'est alors que j'en vins à considérer métaphysiquement l'attitude critique de ma propre pensée. La situation de la classe s'améliora rapidement.
Je me souvins d'une conversation que j'avais eue avec une éducatrice d'une grande expérience, qui était Scientiste Chrétienne, quelques années après mes débuts comme moniteur. Je lui avais dit: « Jusqu'à présent j'ai fait des efforts pour savoir quoi faire exactement pour être plus efficace dans mon travail avec les jeunes gens. Maintenant je me rends compte que bon nombre de leurs problèmes dépendent de la nature de ma propre pensée quand je travaille avec eux.
L'éducatrice me dit: « C'est ce que j'attendais que vous voyiez. Chacun doit le découvrir pour soi-même. Maintenant vous commencez à apprendre. »
Je me rappelai également la leçon que j'avais apprise plus récemment, quand une fillette qui m'était confiée eut la main droite écrasée. Le chirurgien appelé à la demande de sa famille, déclara qu'elle ne pourrait plus jamais se servir de sa main. Bien entendu on fit venir un praticien, mais la main était décolorée et dut être portée en écharpe. Quatre jours plus tard, je vis par la fenêtre la fillette qui venait dans l'allée menant à la maison. Comme je la regardais venir, je me rendis compte que mes pensées étaient sympathisantes au point de rendre réel le mal à surmonter. Je me rappelai alors le magnifique paragraphe de la fin du livre de Mrs. Eddy Unité du Bien où elle dit combien de choses habiles les mortels peuvent accomplir, néanmoins elle ajoute: « mais ils ne pourront jamais renverser ce que la Divinité connaît, ni se soustraire à l'identification avec ce qui demeure dans l'Entendement éternel » (p. 64).
Je vis clairement que ni ce que le chirurgien avait dit, ni ce que j'avais inconsciemment accepté, ne pouvait renverser ce que Dieu connaît de Son enfant bien-aimée, et que rien de ce que l'on pouvait penser, ne pouvait obscurcir l'identification de l'enfant « avec ce qui demeure dans l'Entendement éternel. »
Tout en pensant ainsi, je remarquai que la fillette courait vers notre porte en brandissant l'écharpe au-dessus de sa tête. Quand je la rejoignis dans l'entrée, elle était en train d'arracher les pansements de ses doigts et s'écriait: « Regardez, monsieur, je peux m'en servir, et de mon poignet aussi ! » La couleur de sa main était devenue naturelle.
Je pensai de nouveau à mon attitude critique et à celle des autres membres de l'église, vis-à-vis de l'intransigeance de la jeunesse, et me rappelai que chacun de ces élèves qui avaient quitté l'École du Dimanche, avaient prononcé, et quelques-uns très sincèrement, le nom du Christ, et que par conséquent, ils étaient héritiers de la bénédiction décrite par notre Leader dans Miscellaneous Writings (p. 19): « Celui qui a prononcé le nom du Christ, qui a virtuellement accepté les exigences divines de la Vérité et de l'Amour en Science divine, se détourne journellement du mal; et tous les efforts pervers des démons imaginaires ne pourront jamais empêcher le courant de cette vie de se diriger fermement vers Dieu, sa source divine. »
Pour la première fois je me sentis rassuré au sujet de ces élèves qui avaient quitté l'École du Dimanche, et je m'efforçai de prendre l'habitude de déclarer cette vérité chaque fois que je pensais à eux. Avant la fin de l'année, plusieurs d'entre eux étaient de retour, l'un d'eux fut même amené dans ma classe.
Les dernières années qui précèdent la sortie de l'École du Dimanche, représentent une période particulièrement importante pour les jeunes gens, pendant laquelle ils devraient apprendre à se conduire en Scientistes Chrétiens indépendants, au lieu de demeurer simplement des enfants de Scientistes Chrétiens. Mais parfois, à ce moment critique, lorsque l'un des parents n'est pas Scientiste Chrétien, le jeune homme peut être tiré de deux côtés différents en ce qui concerne son adhésion à notre religion et à ses exigences. Par ailleurs, même si les deux parents sont des membres de l'église, l'influence de brillants professeurs en biologie, psychologie, philosophie, et ainsi de suite, peut sembler le troubler.
Mrs. Eddy a prévu dans le Manuel que sous certaines conditions, les enfants âgés de douze ans et plus, peuvent être accueillis comme membres de L'Église Mère. La jeunesse y trouvera une influence de stabilité, de protection et un stimulant pour le bien.
Une disposition pleine de sagesse en faveur de la création et du fonctionnement de nos organisations universitaires, est également prévue dans le Manuel. Être membre de ces organisations protège et développe la pensée chrétiennement scientifique de ceux qui y sont admis. Les étudiants entrent à l'université vers l'âge de dix-huit ans. Bien que les organisations universitaires ne comptent pas autant d'activités qu'une église filiale, les occasions de servir qui sont offertes sont pleines d'inspiration, et les jeunes gens apportent à leur travail de la dignité et de la sincérité, et il en résulte la croissance spirituelle et la guérison.
Mais qu'advient-il de ces jeunes gens, la grande majorité, qui, pour des raisons financières ou autres, ne sont pas à l'université ? Bien des églises n'ont pas fixé d'âge d'admission pour leurs membres, jugeant chaque demande d'après ses propres mérites. Ne serait- il pas utile de faire savoir dans nos classes de l'École du Dimanche, que les demandes d'admission comme membre sont accueillies, quand elles proviennent de jeunes élèves sincères, avant la fin de leurs années de l'École du Dimanche ?
Il se peut que plusieurs années avant de quitter l'École du Dimanche, la pensée des jeunes gens entre dans une phase où ils rechercheront avidement de nouvelles expériences. Les éducateurs devraient en profiter pour élargir les horizons de la jeunesse dans des directions appropriées. N'avons-nous pas dans nos églises, ce qu'il convient justement d'offrir à ces jeunes gens, et qui les aiderait à affermir leur expérience et leur donnerait des buts plus élevés ? Et si nous leur accordons un plus haut degré de responsabilité, cela ne devrait-il pas être en pleine coopération avec les adultes et non pas comme s'ils étaient des apprentis ? Ils doivent reconnaître leur importance dans l'église, et grâce à une camaraderie accompagnée d'une expérience scientifiquement démontrée, ils pourront apprendre comment aborder correctement tout travail de l'église — par la démonstration quotidienne sincère.
Nous savons que la promptitude à servir l'église est le résultat d'une conscience éveillée, plutôt que le produit d'une longue expérience humaine. Cette promptitude n'est-elle pas la maturité spirituelle ?
Aujourd'hui nous adressons-nous à la jeunesse comme il le faudrait ? Les nations trouvent la jeunesse prête à défendre leurs rivages, bien avant que de nombreuses églises filiales encouragent les jeunes gens à devenir membres. Pourtant, ceux qui sont membres se rendent compte du soutien que cela est pour eux quand ils sont dans les forces armées.
Je connais deux jeunes filles qui, à l'âge de seize ans, sont des membres précieux d'une jeune église filiale qui prend de l'essor. Il y a une session de l'École du Dimanche de leur église qui a lieu très tôt le matin. Ceci leur permet d'être huissiers dans l'entrée de l'église avant et après le service, ou parfois de s'occuper de la nursery, si c'est nécessaire. Dans les assemblées des membres, elles font preuve d'une maturité réfléchie, obtenue par la démonstration. Et elles prennent une part active aux services de témoignages du mercredi. Elles prélèvent sur leurs gains personnels pour contribuer au soutien de l'église. A l'École du Dimanche j'ai vu de jeunes membres de l'église se charger d'accueillir les élèves à la porte et s'occuper des groupes de classes en attendant l'arrivée des moniteurs. J'ai remarqué également qu'ils faisaient la collecte, la comptaient à la fin de la session, et même notaient le nombre des élèves présents.
De tels jeunes gens ne sont-ils pas tout indiqués, une fois qu'ils sont devenus membres de l'église, pour servir dans les comités de la Salle de Lecture, marquer les Leçons bibliques, et pour préparer les fichiers des articles de nos Journals et de nos Sentinels ? Il y a beaucoup à faire pour eux dans les comités de distribution des périodiques, et dans les comités d'information pour la publicité dans le Monitor. Et je les ai vus agir de façon très efficace, invitant leurs amis non Scientistes à les accompagner à nos conférences. J'ai connu certains jeunes gens qui ont aussi remplacé l'organiste et le soliste.
Quand je les vois servir comme huissiers, non seulement dans les endroits reculés, mais aussi dans les entrées et dans l'auditorium, je sais que « la sagesse a été justifiée par ses enfants » (Matth. 1 1: 19), petits et grands: une association glorieuse dans cette jeunesse du cœur qui ne décline jamais et peut répondre aux grands besoins du monde.