Christ Jésus envoya deux groupes de disciples, l'un de douze, l'autre de soixante-dix, leur enjoignant de prêcher l'évangile et de guérir les malades. Les deux réussirent dans leur mission. Luc relate l'expérience des soixante-dix qui, revenant pleins de joie, dirent (10:17): « Seigneur, les démons mêmes nous sont assujettis en ton nom. »
Le Maître reprit: « Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. Voici que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds les serpents, les scorpions et toute la puissance de l'ennemi; et rien ne pourra vous nuire. Toutefois, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont assujettis; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. »
Il est utile d'examiner l'allusion de notre Maître à Satan, le mal impersonnel, dans son rapport avec la prophétie d'Ésaïe et son accomplissement dans l'Apocalypse. Faisant allusion à la tentative de Satan de détrôner la Divinité, Ésaïe écrivait en pur langage biblique (14:12): « Comment es-tu tombé du ciel, astre brillant, fils de l'aurore ? Comment as-tu été renversé à terre, toi qui foulais aux pieds les nations ? »
Reprochant à Satan son intention de monter au ciel, d'élever son trône au-dessus des étoiles de Dieu, de s'asseoir sur la montagne où siègent les dieux dans les régions lointaines du septentrion, en prévoyant la fin inévitable, le prophète écrivit: « Et te voilà pourtant descendu dans le Séjour des morts, dans les profondeurs de l'abîme ! Ceux qui te voient fixent leurs regards sur toi; et, te considérant avec attention, ils se disent: Est-ce là cet homme qui faisait trembler la terre, qui ébranlait les royaumes ? »
Quand le Maître guérit une femme qui était courbée et ne pouvait pas du tout se redresser, le chef de la synagogue lui reprocha de guérir un jour de sabbat. Jésus demanda (Luc 13:16): « Et cette fille d'Abraham, que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne fallait-il pas la délivrer de ce lien le jour du sabbat ? »
Un aspect important du ministère de notre Maître consistait à rendre les hommes capables de rejeter les chaînes du sens corporel, ou de l'entendement malin, qui voulait les induire à se croire des mortels corporels soumis à la malédiction du péché et de ses effets. Il leur permit ainsi de trouver leurs identités véritables et spirituelles, libérées de toute trace de matérialisme. Jésus montra que l'effet du sens corporel, ou de Satan, est d'obscurcir la pensée humaine et de la tenir à l'écart de son message. Puis il définit cette source supposée de tromperie comme le mal, le meurtrier, « un menteur et le père du mensonge » (Jean 8:44).
Mrs. Eddy affirme dans son livre Miscellaneous Writings (p. 108): « En définissant Satan comme un menteur dès le commencement, notre Maître attesta l'impuissance absolue — le néant même — du mal: puisqu'un mensonge, étant en fait sans fondement, n'est qu'une fausseté; spirituellement, littéralement il n'est rien. »
La compréhension de la totalité divine, de la toute-puissance et de la toute présence du bien, donna à Jésus l'autorité sur les prétentions trompeuses du mal. Cette autorité fut communiquée à ses disciples: cela montrait qu'elle n'était pas une possession personnelle, mais un état de conscience spirituelle, qui lui permit de discerner les feintes du mal, d'en démasquer, ou d'en percer à jour, les duperies et par là d'en déjouer les machinations.
Aujourd'hui, la compréhension de la Science Chrétienne donne à ceux dont « les noms sont écrits dans les cieux » — à ceux qui perçoivent comment la nature du royaume de Dieu embrasse tout sur la terre — le pouvoir de « fouler aux pieds les serpents, les scorpions et toute la puissance de l'ennemi ». En obéissant au Principe divin et aux règles de cette Science, ils peuvent affronter les représentations du mal sans être ni dupés ni inquiets.
Mrs. Eddy, qui découvrit la Science Chrétienne et fonda l'Église du Christ, Scientiste, écrit dans Science et Santé (p. 107): « Dieu avait daigné me préparer pendant bien des années à recevoir cette révélation finale du divin Principe absolu de la guérison mentale scientifique. » Puis elle ajoute: « Ce Principe apodictique indique la révélation d'Emmanuel, “Dieu avec nous,” — la souveraine toute-présence, délivrant les enfants des hommes de tous les maux “auxquels la chair est sujette.” »
Quand nous gagnons, nous aussi, quelque connaissance de ce Principe apodictique, Principe susceptible d'une démonstration claire et certaine, il nous délivre « de tous les maux “auxquels la chair est sujette.” » Un tel pouvoir guérisseur n'est ni personnel, ni particulier à quelques personnes et étranger à d'autres. C'est une compréhension de la vraie nature du Principe divin qui réduit la prétention d'un pouvoir malin à son néant fondamental. Une telle compréhension chasse de la conscience l'illusion du mal — le malin — qui semblerait lier aujourd'hui les gens comme il lia la femme que Jésus guérit.
Dans Science et Santé, nous lisons (p. 559, 560): « Le douzième chapitre de l'Apocalypse, ou Révélation de saint Jean, a un rapport tout particulier avec le dix-neuvième siècle. Lorsque fut ouvert le sixième sceau, qui symbolise les six mille ans écoulés depuis Adam, le trait distinctif a rapport à notre époque. »
Dans ce chapitre de la Bible, deux grands prodiges apparaissent dans le ciel: « une femme enveloppée du soleil » et « un grand dragon rouge ». Dans ce chapitre gros de signification spirituelle, il y a également une autre allusion à Satan, marquant l'accomplissement de la vision et d'Ésaïe et du Maître; il s'agit de la guerre dans le ciel entre Michel et ses anges et le dragon et ses anges. Voici le passage: « Puis il fut précipité, le grand dragon, le serpent antique, appelé le diable et Satan, celui qui séduit le monde entier; il fut précipité sur la terre, et ses anges avec lui. J'entendis dans le ciel une grande voix, qui disait: Maintenant est venu le salut, ainsi que la force et le règne de notre Dieu, et la puissance de son Christ; car il a été précipité, l'accusateur de nos frères, qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu. »