Dans le langage humain rien n'exprime mieux la compassion que les Béatitudes de Christ Jésus. Tous les éléments de la nature du Christ y sont mentionnés, et la guérison qui résulte de leur activité dans la conscience humaine y est exposée. Ce n'est donc pas étonnant que, lorsque notre Guide eut terminé son sermon et qu'il descendit de la montagne, il guérit sans effort aussi bien le lépreux que le serviteur du centenier. Tout ce qu'il touchait et tous ceux qu'il touchait étaient guéris.
Il y a toujours eu des hommes et des femmes qui ont désiré posséder ce pouvoir de guérir. Mais ce n'est que lorsque Mary Baker Eddy expliqua la Science du christianisme que l'humanité commença à entrevoir le fait que la loi est aussi bien contenue dans l'admonition des Béatitudes « heureux serez-vous » que dans l'injonction « tu ne [feras] point » du Décalogue de Moïse.
Dans les Béatitudes, Dieu nous demande d'être miséricordieux, humbles, d'avoir soif de la justice, d'avoir le cœur pur, d'aimer la paix et de la rechercher comme des enfants de Dieu, et de supporter la persécution avec joie. Ces qualités compatissantes, quand on les cultive, apportent des récompenses légitimes, certaines et permanentes. L'exercice de la compassion n'est limité ni dans son étendue, ni dans son application. Nous devons être miséricordieux et purs, non seulement envers notre propre famille ou nos concitoyens, mais envers tous sans exception.
Jésus présenta ces commandements spirituels après avoir été baptisé par Jean et après l'annonce céleste de sa filialité divine. Et c'est par la purification et notre perception de la filialité divine de chaque homme, que la Science qui guérit se révèle à tous ceux qui comprennent et aiment les préceptes de notre Guide. C'est un amour plus grand, une compréhension de l'humanité et une sympathie pour elle, qui caractérisent le Scientiste Chrétien et qui rendent son travail de guérison efficace.
Au début du chapitre « Pratique de la Science Chrétienne » dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mrs. Eddy insiste pendant environ six pages sur la compassion que doivent cultiver ceux qui désirent guérir comme Jésus le faisait. Pour faire ressortir son argument, elle choisit un court récit des Évangiles d'une grande simplicité dont les acteurs sont Jésus, Simon le pharisien, et une femme « qui était de mauvaise vie » (Luc 7:37). Par ce récit, Mrs. Eddy enseigne la leçon de l'amour qui est le reflet de l'Amour divin, omnipotent.
Personne ne peut lire ces pages sans voir jusqu'à un certain point l'irréalité absolue du mal et son impuissance à maintenir l'homme en esclavage ou à détruire la vie ou le bonheur; sans voir dans une certaine mesure l'homme réel, tel que Dieu l'a créé, et sans acquérir une conception spirituelle qui aide à débarrasser l'humanité du fardeau du mal. Celui qui médite ces pages finit par voir dans la manifestation de l'amour reflété, la loi aussi bien que l'évangile, le christianisme pratique qui guérit.
De plus, en réponse à la question: « Comment devrais-je entreprendre de démontrer la Science Chrétienne en guérissant les malades ? » à la page 8 de Rudiments de la Science divine, Mrs. Eddy insiste sur l'idéal chrétien qui doit être maintenu par le praticien scientifique: l'honnêteté, la véracité, l'amour désintéressé, l'humilité, la conviction spirituelle.
De telles qualités appellent l'inspiration que la révélation de Dieu par Lui-même apporte au Scientiste Chrétien, élevant son sens de la Science Chrétienne ainsi que son traitement au-dessus de ce qui est purement intellectuel et stéréotypé, jusqu'à la compréhension de l'Amour omniprésent qui guérit et ne connaît ni maladie, ni pauvreté, ni condamnation, ni péché.
Mrs. Eddy résume le traitement inspiré en ces termes (ibid., p. 10): « Il faut que vous pensiez et que vous sachiez que Dieu gouverne l'homme; que Son gouvernement est harmonieux; qu'Il est trop pur pour voir l'iniquité, et qu'Il ne partage Son pouvoir avec rien de mauvais ou de matériel; que les lois matérielles ne sont que des croyances humaines qui, à tort, gouvernent les mortels. » Le praticien doit sentir et connaître l'Amour divin.
Celui qui est compatissant s'appuie sur l'illumination spirituelle; l'intellectuel aime faire des conjectures; le paresseux se contente d'une formule. L'âge de l'automatisme dans lequel nous vivons aujourd'hui nous dépouillerait, si nous le laissions faire, du sens de la compassion et de sa fraîcheur spontanée en faveur de la simple répétition machinale de phrases toutes faites, de clichés et de formules mentales. Il suggère d'utiliser « telle » phrase pour « telle » difficulté. Il a pour théorie: qu'une formule économise l'effort mental.
Il y a longtemps, certains religieux inventèrent la roue à prières dont ils se servirent, perdant ainsi la beauté de la Vérité qui se dévoile dans la prière spontanée. Mais la Science Chrétienne enseigne que sans le souffle divin, la prière stéréotypée, même si elle est sincère, reste froide, inanimée, inefficace. Le sens de la compassion qui amène la guérison ne vient que par la connaissance de l'Amour divin. « Les projets du cœur dépendent de l'homme; mais la réponse de la langue vient de l'Éternel » (Prov. 16:1).
En Science Chrétienne il n'y a pas de raccourci pour nous dégager de la responsabilité de penser ou de sonder notre cœur individuellement. Réclamer une formule, c'est réclamer un mot magique, c'est comme si l'on demandait: « Sur quel bouton faut-il appuyer ? » C'est se limiter et se restreindre. Les formules excluent l'inspiration.
Notre Leader, Mrs. Eddy, comprenant la faiblesse de l'entendement mortel, inséra un Statut dans le Manuel de L'Église Mère pour la protection du Scientiste Chrétien. On y lit notamment (Art. VIII, Sect. 9): « Aucun membre ne se servira de formules écrites, ni ne permettra à ses patients ou à ses élèves de s'en servir comme auxiliaires de l'enseignement de la Science Chrétienne ou pour guérir les malades. »
De la méthode et une étude systématique sont indispensables, mais il est également nécessaire de permettre à l'Entendement divin de révéler ce que nous avons besoin de savoir dans des circonstances particulières, pour nous donner la sagesse, une ligne de conduite, du courage, de l'exactitude, voire l'inspiration qui nous vient quand la pensée est humblement attentive et réceptive aux directives de l'Entendement. Le praticien trouve la vraie protection pour son travail en réalisant son origine divine. L'erreur qui n'en connaît pas la signification ne peut entraver son efficacité.
Se reposant humblement sur Dieu comme étant « la source d'eau vive » (Jér. 2:13), le praticien compatissant voit non seulement ce qui, dans la pensée de son patient, a besoin d'être corrigé et guéri, mais il trouve la parole juste à dire en temps voulu (voir II Tim. 4:2) et il réalise la présence et le pouvoir de l'Esprit qui anéantit le sens matériel de la vie.
Avec une confiance inspirée, maintenons un point de vue vaste et lumineux, avec des perspectives toujours nouvelles de la totalité de l'Amour, et considérons avec soin les paroles réconfortantes de notre Leader (Science et Santé, p. 323): « Contemplant les tâches infinies de la vérité, nous hésitons un moment, — nous nous attendons à Dieu. Après quoi nous allons de l'avant jusqu'à ce que la pensée détachée de toute entrave marche ravie, et que la conception libérée prenne son essor vers la gloire divine. »
Avec de purs mobiles et avec confiance, méditons longuement les écrits de notre Leader afin d'être spirituellement réceptifs aux idées qui viennent avec le pouvoir de l'Entendement à quiconque est prêt à les recevoir; car ce sont les idées et non les paroles qui guérissent. Sentons et reconnaissons les saintes intentions de l'Amour, et prions pour nous-mêmes et pour notre travail de la façon exprimée par A. E. Hamilton et citée par Mrs. Eddy dans « Jalons » (Rétrospection et Introspection, p. 95):
« Demande à Dieu de te rendre habile
Dans l'art du réconfort: 
Afin que tu puisses être consacré
Et mis à part,
Pour une vie de sympathie.
Car lourd est le fardeau du mal
Dans tous les cœurs ;
Et grand est le besoin de consolateurs
Qui ont la main du Christ. »
Alors nous posséderons le sens de la compassion, nous réussirons dans l'art de la guérison, et nous accomplirons vraiment le commandement de Christ Jésus (Matth. 10:8): « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, nettoyez les lépreux, chassez les démons. »
 
    
