Après avoir perdu un être cher, certaines personnes ont été profondément réconfortées – voire même guéries de leur chagrin – en comprenant qu'elles aussi, en tant qu'enfants de Dieu, exprimaient de façon magnifique et complète, chacune des merveilleuses qualités qu'elles aimaient tant chez le disparu. Il est vrai que chaque fils et chaque fille de Dieu reflète la totalité de Sa nature, ici et maintenant.
Pourtant, même une prise de conscience de cette vérité profonde donne parfois l'impression aux gens, accablés par le chagrin, qu'il leur manque quelque chose. Et la plupart des gens, quand vous leur demandez, vous diront sans doute que l'absence de l'être cher les fait souffrir, que la manifestation des mêmes qualités en eux-mêmes et chez les autres – la tendresse, le sens de l'humour, la générosité, par exemple – ne peut tout simplement pas se substituer à la présence du disparu. Comment le pourrait-elle ? L'identité n'est pas simplement générique; elle est merveilleusement individuelle jusque dans les moindres détails. L'individualité constitue l'art glorieux de notre être, la façon originale dont chacun de nous exprime les attributs universels de Dieu. En fait, puisque Dieu est la seule et unique Unité incomparable, tout ce qu'il crée doit refléter cette unicité, doit être individuel de manière incomparable et irremplaçable. Dans le livre d'étude de la Christian Science, Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy explique: « L'unique Ego, l'unique Entendement ou Esprit appelé Dieu, est individualité infinie, qui donne toute forme, toute grâce, et reflète en l'homme et les choses individuels et spirituels la réalité et la divinité. » (p. 281)
Ce que nous aimons réellement, et ce qui semble nous manquer quand quelqu'un que nous aimons disparaît, c'est la façon totalement individuelle qu'a cette personne d'exprimer les qualités de Dieu. Par conséquent, ce dont il nous faut peutêtre prendre conscience, lorsque nous cherchons à surmonter le chagrin, c'est de la présence particulière de l'individualité.
Le fait est que même si nous sommes sûrs que l'être cher continue son chemin, nous semblons être tout aussi sûrs que, malgré cette continuité, il manque une présence individuelle distincte, ici et maintenant. Pourtant, comment cela se peut-il lorsque « ici » et dans l' « au-delà » il n'existe qu'une seule Vie ? Et comment se peut-il que la manifestation complète de la Vie, c'est-à-dire toutes les individualités qui sont éternellement inséparables de la Vie et de l'Entendement qui les conçoivent, ne soit pas continuellement avec nous, puisque la Vie qui inclut tout, est omniprésente et continuellement avec nous ? Comment est-il possible qu'il y ait une absence dans l'omniprésence ?
L'individualité constitue l'art glorieux de notre être.
Ce qui complique les chose, c'est la croyance erronée prétendant que la matière est liée à la présence de quelqu'un et qu'elle en est le véhicule, que sans la matière rien n'aurait de forme ni de moyen d'expression. Comprenant que la vie n'est ni définie ni déterminée par la matière, Jésus fut capable de ressusciter des morts et à ce propos nous lisons dans Science et Santé: « Lorsque vous pourrez vous réveiller vous-même ou réveiller les autres de la croyance que nous devons tous mourir, vous Pourrez alors exercer le pouvoir spirituel qu'avait Jésus de rendre à nouveau présents ceux qui avaient cru mourir, mais il n'y a pas d'autre moyen. » (p. 75)
L'origine spirituelle, la présence perpétuelle et la continuité éternelle de la vie furent pleinement démontrées par le fait que Jésus soit né d'une vierge, par sa vie, son œuvre, son crucifiement, sa résurrection et son ascension. Son existence parfaite, ainsi que son œuvre de guérison extraordinaire, mirent en lumière l'image de Dieu en démontrant aux hommes et aux femmes quelle est leur véritable nature à la ressemblance de Dieu. D'ailleurs, à travers ses nombreuses guérisons, Jésus nous montra la réalité présente de l'individualité spirituelle réelle. Une individualité qui existe avant la conception et la naissance matérielles. Une individualité que voit le sens spirituel.
A travers l'exemple qu'il nous a donné, nous découvrons que seule la pensée obscurcie et matérialiste ne voit pas l'individualité spirituelle. Jésus percevait la ressemblance parfaite de Dieu partout, l'individu dont le Père et la Mère est le Principe divin, l'Amour. Et il voyait cette individualité parfaite là même où les sens matériels voyaient une personnalité matérielle. Science et Santé donne l'explication suivante: « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. En cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades. » (p. 476)
Il y a un certain nombre d'années, une femme s'est rendu compte que son plus cher désir était de comprendre ce que veut dire voir « dans la Science l'homme parfait » sur cette terre à l'exemple de Jésus, et elle priait avec une grande ferveur à ce sujet. Elle considérait que c'était la quintessence de la pratique de la Christian Science. Au cours de l'année qui a suivi, son mari est décédé. Quelques jours après, au milieu d'une nuit sans sommeil, elle s'est assise sur son lit et s'est mise à prier de tout son cœur en demandant précisément d'avoir un aperçu de ce que cela veut dire voir « dans la Science I'homme parfait ». Immédiatement, ce fut comme si la chambre se remplissait de lumière et d'un amour pénétrant qui embrasse tout. Enveloppée dans cet amour, elle a clairement discerné l'individualité spirituelle de son mari. Elle ne voyait pas l'esprit de quelqu'un qui avait disparu et elle ne communiquait pas non plus avec un esprit. Au contraire, elle voyait son identité d'un point de vue bien plus élevé — « dans la Science » — qui lui révélait son mari avec une clarté limpide, sans les limites du voile du sens matériel. Elle accédait là à une connaissance de qui il était vraiment, connaissance qui allait bien au-delà de ce qu'elle avait pu connaître de son mari auparavant.
Quelques mois plus tard, elle a reçu un coup de téléphone lui apprenant qu'une amie proche avait été victime d'un accident de voiture et qu'elle était à l'hôpital. De nombreuses semaines plus tard, on lui a dit que son amie avait les yeux ouverts mais qu'elle ne s'était pas « réveillée », c'est-à-dire qu'elle ne semblait pas avoir conscience de sa propre existence, de celle des autres ou de ce qui l'entourait. On considérait que ce « réveil » était indispensable pour qu'elle guérisse. Cette femme a donc décidé d'aller voir son amie à l'hôpital et en raison de l'expérience qu'elle avait vécue après le décès de son mari, elle était absolument certaine de pouvoir dépasser la croyance que la matière constituait la présence et la conscience individuelles de son amie. En fait, quand elle est entrée dans la chambre d'hôpital, elle a de nouveau senti la présence de cette lumière de l'Amour divin lui révélant l'individualité consciente de son amie. Elle l'a regardée puis lui a parlé, certaine que son amie allait la reconnaître et lui répondre. C'est bien ce qui s'est passé et ce fut un moment décisif qui a conduit à la guérison complète de son amie.
Le sens sens spirituel voit la vraie nature de l'individualité, ice et maintenant, en tant qu'idée, non en tant que matière ou personnalité matérielle. Et si nous croyons que la notion d'individualité spirituelle est vague ou intangible, il nous faut simplement réexaminer ce que vécut Jésus: il parla avec Moïse et Élie sur la montagne de la transfiguration (voir Matth. 17:1–8). Ce n'était pas du spiritisme, une croyance dans la communication avec l'esprit des disparus. C'était la faculté de voir « dans la Science l'homme parfait » qui permit cette réunion sacrée, de voir l'individu dont la présence, ici et maintenant, sur la terre comme au ciel, ne dépend pas de la matière et qui ne peut jamais être enfermé dans le carcan du temps et de l'espace.
En réponse à la question « Qu'est-ce que l'homme ? », Science et Santé donne cette définition révolutionnaire: « L'homme est idée, l'image, de l'Amour; il n'est pas physique. Il est l'idée composée de Dieu, incluant toutes les idée justes... » (p. 475) Nous appelons peut-être idées justes ces idées constructives qui répondent à nos besoins à chaque instant.
Or, dans Science et Santé, le mot « idée » se rapporte souvent à des formes individuelles, des identités et des entités en train de se créer. Les étoiles et les planètes, les montagnes, les rochers, les arbres, les fleurs, les grains de sable, les brins d'herbe, toutes les créatures, les hommes et les femmes sont dans leur nature véritable, des idées qui sont donc, en tant que telles, permanentes et indestructibles. Science et Santé nous dit: « L'Entendement divin maintient distinctes et éternelles toutes les identités, depuis celle d'un brin d'herbe jusqu'à celle d'une étoile. » (p. 70) Alors, chacun de nous, en reflétant l'Entendement infini qui inclut tout doit forcément inclure « toutes les idées justes ». Nous pouvons être conscients de la présence de chaque individu qui a été, qui est ou qui sera inclus dans le déroulement éternel de l'être spirituel, et apprécier cette présence. Par conséquent, lorsqu'un être cher nous quitte, nous continuons d'inclure non seulement ses qualités, mais aussi son être, c'est-à-dire que nous sentons la présence d'un individu dans notre conscience. Et nous pouvons apprécier progressivement son individualité propre. Comment est-ce possible ?, va-t-on sans doute me demander.
La plupart d'entre nous avons appris à l'école que les flocons de neige ont une identité ou classification commune reconnaissable. Aucun flocon ne ressemble à un autre. Qu'est-ce qui les rend différents les uns des autres ? Leur composition, autrement dit la façon dont les éléments qui constituent un flocon de neige sont arrangés, le rapport de ces éléments entre eux. Et il va certainement sans dire que chaque compositeur de musique a sa propre sonorité, même s'il compose plusieurs centaines de morceaux; et nous sommes capables de distinguer chaque fois un compositeur d'un autre, alors qu'ils utilisent tous les mêmes notes et qu'ils expriment grâce à ces notes les mêmes qualités universelles. Or pourquoi cette continuité individuelle de son ou de style ? Qu'est-ce qui en est à l'origine ? C'est la manière dont les notes sont agencées. En d'autres termes, le rapport entre les notes, un rapport qui forme une structure unique, un style d'harmoine individuel, qui, bien que susceptible de connaître d'infinies variations et un développement éternel, demeure constant sur le plan mathématique, et pour toujours propre à un individu.
Notre conscience individuelle progresse pour l'éternité.
Pour la pensée mortelle, le travail de composition ou d'arrangement est toujours une forme structurée de la matière dans laquelle l'ossature est le résultat de l'action de forces, ou lois, physiques. Et elle est symbolisée par l'homme créé à partir de la poussière dans le deuxième chapitre de la Genèse, ou par une version moderne de cet homme qu'on pourrait appeler « l'homme fait de poussière atomique » ou encore « l'homme AND ». On dit que cette personnalité mortelle est formée de milliards d'éléments d'information qui peuvent être manipulés, réarrangés et clonés. Mais estce la réalité fondamentale de notre être ? Chaque guérison physique accomplie après que l'identité spirituelle a été quelque peu comprise, non seulement remet tout cela en questions, mais prouve que la matière est une illusion des sens matériels, non la réalité. La personnalité matérielle ne fait que simuler la structure de l'individualité réelle, une structure spirituelle à laquelle rien ne peut être ajouté et dont rien ne peut être ôté et dont il est impossible de manipuler, réarranger ou cloner les éléments. Dans la Bible, le livre de l'Ecclésiaste nous dit: « ... tout ce que Dieu fait durera toujours... il n'y a rien à y ajouter et rien à en retrancher... » (3:14)
La véritable structure de l'individualité de chacun est toutalement spirituelle et mentale. C'est une harmonie unique et inimitable, composée de « toutes les idées justes », une harmonie qui résulte de l'action perpétuelle, sans cesse renouvelée, de la force spirituelle, la loi du Principe divin, l'Amour. Cette loi de l'Amour révèle et soutient la structure qui constitue notre individualité spirituelle. Le Nouveau Testament appelle cette énergie dynamique et divine le Saint-Esprit, et dans son livre, Unité du bien, Mary Baker Eddy donne cette explication: « Cette Science de Dieu et de l'homme est le Saint-Esprit, qui révèle et soutient l'harmonie ininterrompue et éternelle de Dieu et de l'univers. » (p. 52) Puisque la structure individuelle de l'identité est éternellement soutenue, la véritable individualité de chacun — complètement séparée de la matière — est permanente. La conscience remplie d'amour spirituel la discerne parfaitement. Dans Science et Santé, nous lisons ceci: « On comprendra et l'on verra finalement la pensée dans toute forme, toute substance et toute couleur, mais sans accessoires matériels. » (p. 310)
Notre identité véritable est donc « idée, l'image, de l'Amour », elle n'est pas physique. Notre conscience individuelle « façonnée » avec précision et harmonie se développe et progresse pour l'éternité. Chacun de nous est, dès maintenant, indestructible, irremplaçable, éternellement précieux aux yeux de Dieu et de Ses enfants. Et rien en nous ne peut jamais se perdre ni changer en raison d'une désorganisation voulue ou accidentelle ni par un processus de décomposition. D'ailleurs, l'une des prophéties bibliques affirme que le « Saint » ou le « bienaimé » de Dieu ne verra jamais la corruption (voir Ps. 16:10; Actes 2:25-28). Il est certain que Jésus a pleinement démontré la nature incorruptible de la vraie structure, ou corps, à travers la résurrection et l'ascension, illustrant ainsi le fait que, même maintenant, dans notre existence actuelle, l'identité n'est pas matérielle. Elle est spirituelle. Nous suivons Jésus quand nous portons la croix, ainsi qu'il l'a ordonné, et immolons le sens personnel superficiel de notre identité qui voile notre individualité spirituelle toujours présente, l'image de l'Amour.
Un grand nombre de gens pensent que leur affection envers des êtres chers qui les ont quittés continue de grandir et d'évoluer. A mesure que nous saisirons davantage la signification profonde de l'individualité et de l'unité, nous sentirons plus distinctement que nous sommes inséparables de nos chers disparus. Et si cette vision éclairée est maintenue, elle va forcément dissiper les ténèbres de la solitude et de la tristesse. Science et Santé nous rassure: « Comprendre spirituellement qu'il y a un seul créateur, Dieu, cela explique toute la création, confirme les Écritures, apporte la douce assurance qu'il n'y a ni séparation ni douler, et que l'homme est impérissable, parfait et éternel. » (p. 69)
 
    
