Quand il s’agit de prendre soin de son prochain, on retrouve le modèle chrétien traditionnel dans la parabole du bon Samaritain, énoncée par Christ Jésus. Le message de cette parabole fournit une base théologique aux soins physiques que l’on donne à ceux qui sont dans la détresse. Le docteur de la loi, dont les questions inspirèrent cette parabole à Jésus, avait cité la loi mosaïque pour expliquer en peu de mots comment obtenir la vie éternelle : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même. » Jésus l’approuva.
Au docteur de la loi qui lui demandait : « Et qui est mon prochain ? » (voir Luc 10:25-37), notre Maître répondit alors par la parabole du bon Samaritain. Puisque Jésus avait approuvé la brève réponse du docteur de la loi, il est clair que, pour obéir au deuxième commandement – aimer son prochain – il faut en toute logique obéir au premier – aimer Dieu. Le chrétien prend soin de son prochain en s’appuyant sur l’aide divine. Lorsque nous rendons un culte à Dieu, nous recevons une nourriture spirituelle et acquérons la force d’aider autrui.
Dans la création parfaite de Dieu, l’harmonie est perpétuelle. La sollicitude de Dieu s’exprime par Son amour parfait qui dispense le bien infini à tout ce qu’Il a créé. La compréhension spirituelle de l’Amour divin mobilise une aide humaine imprégnée du pouvoir de Dieu.
Tout besoin d’assistance humaine est temporaire. En réalité nous dépendons tous de Dieu, et non les uns des autres, en vertu d’une vérité fondamentale : l’homme est individuellement et spirituellement complet. Tout le monde peut donc rechercher en Dieu l’aide dont il a besoin, et l’obtenir. Mary Baker Eddy nous dit ceci : « Nul ne peut se sauver lui-même sans l’aide de Dieu, et Dieu aidera chaque homme qui fait sa propre part. De cette manière, et pas autrement, tout homme sera protégé et béni. » (Rétrospection et Introspection, p. 86)
Chris Jésus aimait son prochain. Après avoir décrit la simplicité du cadre dans lequel Jésus prononça la série de leçons connue sous le nom de « Sermon sur la montagne », Mary Baker Eddy ajoute : « Dans cette simplicité, et avec une telle fidélité, nous voyons Jésus pourvoyant aux besoins spirituels de tous ceux qui se confiaient à ses soins, les conduisant toujours vers l’ordre divin, sous l’empire de sa propre compréhension parfaite. » (ibid., p. 91) Si l’aide que Jésus apportait aux autres était bien concrète, elle était aussi tout à fait spirituelle. Ses actes répondaient au besoin humain : ceux qui recherchaient son aide étaient guéris, et ceux qui acceptaient son enseignement étaient sauvés. Jésus prouva que nos besoins sont en réalité spirituels, non matériels, et que Dieu, l’Esprit, nous donne la nourriture spirituelle qui nous rassasie. Dans la vie, il était lui-même le bon Samaritain.
La spiritualité de Jésus gouvernait clairement son existence humaine ; elle lui permit de révéler la nature de l’amour de Dieu. Il enseigna et vécut le Christ. Même en présence de la discordance, il savait ce qui était vrai, et grâce à sa compréhension spirituelle, il démontra la suprématie de Dieu, annulant le sens mortel. Cette compréhension continue d’apporter une protection spirituelle comme au temps du ministère de Jésus. C’est là une preuve de la sollicitude de Dieu à notre égard. Il n’y a ni insuffisance, ni erreur, ni défaillance dans ce que Dieu nous dispense. Aucune fabrication de la croyance mortelle n’est capable de résister au Christ.
La guérison faisait partie du ministère de Jésus, mais sa sollicitude s’exprimait également dans ses enseignements et ses sermons. Aujourd’hui, les activités de l’Eglise du Christ, Scientiste, forment un ministère en tous points comparable à celui de Jésus. Chaque fonction de l’Eglise, établie par Mary Baker Eddy et définie dans le Manuel de L’Eglise Mère, est une activité axée sur le souci d’autrui, qu’il s’agisse des Leçons bibliques indiquées dans le Livret trimestriel de la Science Chrétienne, des services religieux, des salles de lecture de la Science Chrétienne, du Cours Primaire, des conférences publiques ou du travail accompli par la Société d’édition de la Science Chrétienne. Cette sollicitude est totalement individualisée quand on fait appel aux praticiens et aux nurses de la Science Chrétienne.
La sollicitude, en tant qu’expression de l’Amour divin, n’exclut pas de prendre soin de soi-même, à commencer par l’attention que l’on apporte à la qualité de ses pensées. Ce n’est pas une tâche à prendre à la légère. Chaque jour nouveau prend forme sous l’action de la pensée. Quelles seront nos pensées ? Quels sont les concepts de la vie que nous honorons ? En commençant la journée par la prière, par l’étude de la Bible et du livre fondamental de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Ecritures de Mary Baker Eddy, nous acquérons et préservons la compréhension inspirée de l’unité que nous formons avec Dieu. Nous faisons alors face aux demandes de la journée avec une compréhension spirituelle éclairée, et risquons moins d’être influencés par le matérialisme.
La compréhension spirituelle nous permet de reconnaître la sollicitude toujours présente de Dieu, mais cette compréhension demande à être cultivée. Lorsque nos pensées seront le fruit d’une préparation spirituelle approfondie, tout ce dont nous aurons besoin pour prendre soin de nous-même se présentera selon un ordre naturel.
Autre aspect de la sollicitude : le commandement d’aimer notre prochain comme nous-même. Paul considérait que les membres de l’Eglise ne faisaient qu’un seul corps en Christ. Il écrit : « Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d’honneur à ce qui en manquait, afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns des autres. » (I Corinthiens 12:24, 25)
La personne qui requiert les services des nurses de la Science Chrétienne aborde son besoin humain d’un point de vue spirituel. Les soins physiques donnés en harmonie avec la théologie du patient favorisent sa croissance spirituelle, tout en soutenant le traitement du praticien. Le nursing requiert une aptitude et une compétence qui dépendent d’un développement spirituel régulier, d’une formation rigoureuse et d’une pratique fervente. Le nursing comble le fossé entre ce dont le patient a besoin et ce qu’il est capable de faire lui-même, jusqu’à ce qu’il ait retrouvé toute son autonomie.
Le sens mortel de l’existence entretient un concept différent des soins. Les émotions et les sensations humaines prétendent avec insistance que nous avons d’abord besoin d’un changement physique, d’une amélioration, et que les exigences spirituelles sont secondaires, voire impossibles à satisfaire face à l’inharmonie physique. Se soumettre à ces assertions, c’est accepter la domination de la matérialité. Notre désir de prêter assistance se heurte alors à la condition mortelle, et l’inquiétude épuise nos ressources. Pour connaître un soulagement et une guérison véritables, il faut recentrer nos efforts spirituels dans le culte de Dieu.
La démonstration par la Science Chrétienne remplace le concept mortel tout en prenant soin de l’être humain. La Science Chrétienne a d’autre part l’autorité et le pouvoir nécessaires pour réussir cette substitution dans chaque cas. Dans Rudiments de la Science divine, Mary Baker Eddy écrit : « La Science Chrétienne efface de l’entendement des malades la croyance erronée qu’ils vivent dans la matière ou à cause d’elle, ou qu’un prétendu organisme matériel régit la santé ou l’existence du genre humain ; elle nous engage à nous reposer en Dieu, l’Amour divin, qui veille sur toutes les conditions nécessaires au bien-être de l’homme. » (p. 12) Ce qui favorise véritablement cette action curative, c’est la pratique correcte et efficace de la sollicitude.
La guérison spirituelle et le rétablissement sont une dispensation divine que ni les problèmes humains ni les prétentions mortelles ne peuvent perturber. Les symptômes physiques sont jugulés et ils cèdent grâce à l’expression divinement inspirée de notre nature spirituelle véritable.
Lorsqu’une situation nécessite des soins prolongés, ces soins ne sont pas nécessairement un frein aux progrès. Seule la conception mortelle erronée de l’existence prétend que, dans certains cas, il n’y a rien d’autre à faire que de maintenir indéfiniment les soins, ou que le nursing n’est pas assez spirituel pour favoriser les progrès et la guérison. Jusqu’à ce que la famille humaine dépasse ces situations qui nécessitent des soins importants, il faudra apprendre à les maîtriser. La situation humaine doit se soumettre à l’autorité divine dans chacune de ses phases.
Quand une personne de notre connaissance a une difficulté à surmonter, l’atmosphère qui l’environne doit être scientifique : n’admettons que ce qui témoigne de la pureté, de la vigueur et de la spiritualité. C’est autrement plus utile que de se demander comment va la personne, ou peut-être même de faire des suppositions sur la nature de son mal ou sur son âge. L’atmosphère pure de la vraie pensée scientifique soutient nos convictions théologiques, et c’est là la sollicitude que nous nous devons mutuellement.
Les pensées que nous entretenons en présence des malades indiquent notre force spirituelle ou l’absence de celle-ci. Elles contribuent à nos progrès réguliers ou à la stagnation, et révèlent dans quelle mesure nous entretenons le vrai concept de l’homme, en tant qu’idée de Dieu, ou prenons simplement soin du concept mortel. Le dévouement et la sollicitude visent à maîtriser peu à peu la condition mortelle de toute l’humanité.
Il n’est pas rare que ceux qui se sont engagés dans la pratique de la Science Chrétienne ou dans le nursing aient à faire face aux drames de l’existence humaine. C’est dans ces circonstances mêmes qu’ils contribuent le plus efficacement à répondre aux besoins en démontrant la force spirituelle. Mais l’instinct humain voudrait suggérer qu’il est plus confortable d’éviter de s’approcher de ces drames. Cet argument suggère également que le nursing et la pratique sont des champs d’activité peu attrayants.
Nous tenir à l’écart des grandes détresses ou nous contenter des préoccupations ordinaires du matérialisme pourrait bien nous laisser dans une grande misère métaphysique, et sembler attribuer un pouvoir mystérieux aux difficultés humaines. Notre empressement à répondre aux grandes détresses consolide notre compréhension par l’expérience et développe nos capacités spirituelles. Nous avons l’inspiration qui nous incite à aider les autres à surmonter leurs difficultés, car nous sommes certains de l’irréalité absolue du mal, et nous sommes convaincus que la guérison est inévitable.
C’est grâce à la démonstration et à la guérison spirituelles que l’on a pleinement conscience du vrai pouvoir accessible dans l’existence humaine. Ces guérisons nous enseignent que la maladie et la mort sont des menaces gratuites, et non de terribles possibilités capables de bafouer notre théologie. Lorsque nous aidons les autres ou lorsque nous faisons nous-même face à ces défis en démontrant notre théologie jusqu’au bout, nous sommes récompensés par de formidables progrès spirituels. Grâce à cette croissance, il sera plus facile à un grand nombre d’entre nous de s’orienter vers une carrière de praticien ou de nurse. Ce désir fervent de nouveaux accomplissements spirituels doit prendre forme afin que nous puissions faire progresser la Cause de la Science Chrétienne.
L’existence des services de nursing et des maisons d’accueil ne garantit pas l’accomplissement de leur objectif spirituel. Cette assurance se construit par la vie individuelle des scientistes chrétiens engagés dans la pratique fervente de leur théologie. L’expérience et la compréhension spirituelle des nurses et des praticiens, des patients et de tout le personnel constituent la structure véritable des maisons d’accueil où l’on reçoit des soins. C’est l’« acier » qui résiste à la tempête, et nous soutient individuellement et collectivement dans la démonstration progressive de l’immortalité de l’homme.
Il y a beaucoup à faire en matière de développement spirituel si nous voulons accomplir beaucoup plus de guérisons chrétiennes pour l’humanité. Nous pouvons le faire et nous le ferons. Il doit en être ainsi dans l’accomplissement des exigences divines. Tout scientiste chrétien qui pratique chaque jour la Science Chrétienne contribue à préparer le climat de pensée qui produira de plus en plus de guérisons. La conscience humaine a besoin de plus grandes espérances, et l’inspiration doit inciter à faire davantage.
Le bien-être humain s’obtient par une démonstration à la fois individuelle et collective. Si cette démonstration concerne les rapports que nous avons les uns avec les autres, elle repose en réalité sur notre relation individuelle à Dieu. C’est l’amour pour Dieu qui nous incite à développer nos capacités spirituelles dans la guérison-Christ. Alors l’amour que nous ressentons pour notre prochain, quand nous avons l’ardent désir de soulager la famille humaine du fléau de la maladie et de la mort, se traduira par des preuves toujours plus nombreuses de la Science divine.
Publié à l’origine en anglais dans le Christian Science Journal d’juillet 1982
 
    
 
                        