Il n’existe peut-être pas de récit plus cher au cœur des scientistes chrétiens que celui de la délivrance des trois jeunes Hébreux jetés dans la fournaise ardente sur l’ordre de Nebucadnetsar. Si nombreux sont ceux qui connaissent cette histoire, y compris les lecteurs occasionnels de la Bible, qu’il n’est pas nécessaire de la rappeler ici. Elle comporte cependant un point qui, même s’il est souvent remarqué, a particulièrement intéressé un scientiste chrétien récemment : après que Schadrac, Méschac et Abed-Nego furent libérés, non seulement leurs vêtements n’avaient pas été endommagés, leurs cheveux n’avaient pas brûlé, mais même « l’odeur du feu ne les avait pas atteints ».
« L’odeur du feu » ! Pour ceux qui s’efforcent de comprendre les Ecritures dans leur signification et leur portée spirituelles véritables, il y a là matière à réflexion. En effet, que signifie, d’un point de vue métaphysique, l’odeur du feu ? N’est-ce pas le souvenir que l’on en a, son âpreté, la rancœur que l’on en garde ? « L’odeur du feu » symbolise l’admission de la réalité d’un mal antérieur. Cela signifie que le mal a une histoire et que même si le feu est maintenant éteint, il a existé à un moment donné, et que nous étions dans le brasier. Ce dernier argument semble s’attacher avec tant d’insistance à la conscience que l’odeur de la fumée suit pendant des années ceux d’entre nous qui ont été au beau milieu des flammes ! En pareil cas, peut-on dire qu’à l’instar des trois anciens Hébreux, nous sommes sortis indemnes de l’épreuve ?
Ne permettons pas à l’erreur de s’attacher à nous sous quelque forme ou de quelque manière que ce soit. L’erreur prétend avoir eu, par le passé, une activité, une présence, un pouvoir, une cause, une intelligence et une loi, ce qui est faux et fallacieux ! Il faut considérer et traiter cette prétention uniquement comme un effort ultime et désespéré de la part de l’erreur, quand toutes ses autres tentatives ont échoué, pour se perpétuer en tant qu’une croyance à un souvenir. Refusons de lui donner vie, même sous cette dernière forme. Refusons d’admettre que le mal ait jamais eu un commencement ou une fin. Refusons d’admettre qu’il ait jamais existé, ne serait-ce qu’un seul malheureux instant. Bien entendu, cela ne signifie pas qu’il faut éviter d’exprimer notre sincère gratitude d’avoir été délivrés de cette croyance quand il le fallait et là où il le fallait, ni de venir en aide à une personne qui se trouve peut-être dans la même situation. Mais cela souligne le fait que « l’odeur du feu » ne partira pas plus facilement de nos vêtements si nous en gardons le souvenir partout où nous allons, en en ressassant inutilement l’histoire dans notre cœur, en en parlant inconsidérément autour de nous et en paraissant prendre un vague plaisir à en relater des détails désagréables. Un tel comportement peut-il faire diminuer un peu plus chaque jour notre croyance au mal ?
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